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Salaire à vie, retraite à 50 ans - Radicaliser le modèle français? JACQUES SAPIR | BERNARD FRIOT

Jacques Sapir à propos de l'article de Basta! : Bernard Friot : un droit au salaire à vie pour « libérer le travail de la folle logique capitaliste » : Ce qui est central ici c'est la logique de capitalisation et la logique de répartition qui est celle du système actuel. N'y a-t-il pas une confusion entre revenu et salaire : Le salaire est lié à la création de valeur. Or un retraité crée-t-il de la valeur? Qu'y a-t-il derrière "arracher la production à la bourgeoisie"? Comment le Salaire à vie peut-il résoudre deux problèmes économiques liés à l'autonomisation des entreprises : l'incitation et  la coordination Bernard Friot: Ce que je mets en cause, c'est que nos personnes ne soient reconnues comme travailleurs que lorsqu'elles sont productives. Nous ne sommes reconnus comme travailleurs que pour autant que nous mettons en valeur du capital. J'oppose salarié à employé, moi je suis fonctionnaire, je suis un salarié tandis que dans le privé on est employé. L'emploi c'est lorsque le poste de travail est le support des droits. Tout l'enjeu de la réforme des retraites est d'en finir avec le salaire des retraités, c'est à dire le fait de dissocier le salaire de l'emploi.  Je ne dis pas que la pension c'est la mesure de la valeur produite par les retraités. Je m'élève contre la notion de solidarité intergénérationnelle qui postule que les retraités sont improductifs. Quoiqu'ils disent, les retraités ne sont pas heureux d'être marginalisés dans du bénévolat et sortis de la responsabilité économique et d'accompagner les tares du capitalisme comme bénévole... Jacques Sapir: Il me semble que vous avez tendance à lier la création de valeur au capitalisme. La valeur ajoutée l'est mais pas la valeur elle-même. Et dire que s'il n'y avait pas le Capital le travail serait rétribué à sa juste valeur, non, car il faut dans tous les cas prélever les investissements sur la valeur produite par le travail. Dans ces conditions comment peut-on retirer à l'employeur le pouvoir de décision? Quant à la solidarité, elle est pour moi intra et intergénérationnelle. Bernard Friot : La solidarité capitaliste c'est la solidarité de ceux qui ont envers ceux qui n'ont pas, ceux qui produisent envers ceux qui ne produisent pas, des bien portants envers les malades. C'est d'une grande violence sociale que de définir les autres par leur manque. C'est pour cela que je veux que nous soyons reconnus comme producteurs au lieu d'être en permanence irresponsabilisées et suspectées. Pour ce qui est de la capitalisation et de la répartition, la capitalisation ne peut être que marginale car elle ne marche pas. Mais il y a une répartition capitalisme (j'ai cotisé, j'ai droit) et une répartition communiste (je suis titulaire d'une qualification). La force de la classe dirigeante c'est que c'est elle qui décide du travail et de ce qui a valeur. Il faut la dé-saisir de ce pouvoir. Cela a été fait pour le système de santé à travers la cotisation sociale.

Jacques Sapir: Chez Marx, le socialisme (phase antérieure au communisme) c'est à chacun selon son travail et le communisme à chacun selon ses besoins. Pour moi la sécu a été conçue dans le cadre du capitalisme pour équilibrer le système. L'enjeu décisif est la parité.

Bernard Friot: Ce n'est pas parce que Croizat et Paul n'ont pas dit qu'ils posaient un acte révolutionnaire, un acte communiste qu'ils ne l'ont pas fait. Je me bats pour la souveraineté des travailleurs sur le travail. je prône la retraite à 50 ans parce que c'est l'âge auquel on ne trouve plus d'emploi et/ou qu'on n'en peut plus de l'emploi. Et les retraités pourraient alors devenir les vecteurs des travailleurs contre les directions.


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