En recevant les participant.es de la Convention citoyenne pour le climat (CCC) à l’Élysée, Emmanuel Macron a retoqué 3 des 149 mesures proposées : la réécriture du préambule de la Constitution, la limitation de la vitesse sur autoroutes à 110 km/h et la taxation des dividendes à 4 % pour financer la transition écologique.
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Il faut dire que cette CCC a été très sage. Elle devait au départ proposer 150 mesures. Il n’y en a que 149 parce qu’une a été retirée en amont : la perspective de passer à 28 heures par semaine d’ici à 2030 sans perte de salaire qui a été retoquée à 65 % des votants ... Dommage parce qu’elle posait la question de la décroissance de nos économies et de la réappropriation de notre temps pour une meilleure qualité de vie.
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Cette très « réaliste » CCC s’est autorisée une taxation quasi inoffensive des dividendes : 4 % ... Emmanuel Macron retoque cette mesure bénigne et, dans sa logique, il a raison. Non pas en tant que président des riches : si cette mesure avait été adoptée, les riches auraient été un peu moins riches… mais toujours riches. Mais en tant que président et garant d’un système : celui qui veut que l’investissement reste dans des mains privées, que celles et ceux qui ont de l’argent dirigent les entreprises en lieu et place de celles et ceux qui y travaillent et qui utilisent les biens et services produits. Un président défenseur d’un système capitaliste appelé à sauver la planète après l’avoir bien endommagée.
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il y a un débat stratégique que l’on ne peut guère éviter. Allons-nous nous engager sur la voie de la taxation des profits, du capital et des revenus financiers ou allons-nous nous engager dans un changement profond de société ? Dans le premier cas, cela revient à laisser faire la formation des profits pour les taxera posteriori en s’illusionnant que les investissements privés se poursuivront dans ce nouveau contexte. Il s’agit d’une drôle de politique qui ne pose jamais la question du pouvoir économique. Ou au contraire, allons-nous combattre les profits en augmentant les salaires et les cotisations sociales, notamment par la réduction du temps de travail, en posant simultanément la question de l’éviction des actionnaires et de la réappropriation des entreprises par les salarié.es et les usager.ères ?
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Pourquoi ne pas abolir [les profits] par la hausse de la part des salaires et cotisations sociales dans la valeur ajoutée ouvrant ainsi la voie à une véritable démocratie économique ?
Pour lire l'article de Benoît Borrits
