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Pour en finir avec le revenu universel

Commentaire de la rédaction: Le diagnostic est juste, mais le pronostic se heurte toujours à l'incapacité à penser la socialisation des revenus.



Le revenu universel, aberration économique et sociale, est aussi une injustice. Rares sont ceux qui comprennent qu’il serait distribué aux riches comme aux pauvres. Il est temps de sortir de ce piège.

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Ceux qui comprennent qu’un revenu universel serait versé à tout le monde n’ont souvent guère idée de ce qu’il pèserait en matière de dépenses publiques et comment le financer.

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Admettons que l’on opte pour un revenu universel à la hauteur du seuil de pauvreté à 50 % du niveau de vie médian, soit environ 900 euros par mois pour un adulte. C’est minimum qui serait déjà un grand progrès. Faisons les comptes 900 euros multipliés par 12 mois pour 50 millions d’adultes = 540 milliards d’euros (et encore nous n’avons pas compté les enfants). L’ensemble des dépenses de l’État se montent à 340 milliards par an, le budget de tout l’hôpital public 70 milliards. On mesure tout de suite l’enjeu.

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Une hérésie, d’autant que l’argent serait distribué à tout le monde et non à ceux qui en ont le plus besoin. L’urgence de notre société est de moderniser les services collectifs, de la santé à l’école, en passant par la police ou la justice, de financer la transition écologique, pas d’aligner des chèques chaque mois pour tout le monde sans distinction. Le revenu universel est une aberration économique et sociale, tout simplement.

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Il demeure intéressant de tenter de comprendre les raisons de sa petite notoriété notamment chez les jeunes diplômés qui pensent sincèrement qu’il s’agirait d’un progrès. La première, c’est que toute une partie des actifs, et les jeunes en premier, souffrent des conditions de travail actuelles et cherchent à tout prix une porte de sortie. Le chômage, la précarité, les bas salaires, le déclassement, le manque d’autonomie sont le lot d’une fraction croissante des jeunes générations. On leur raconte la fable de la « fin du travail » alors que le nombre d’emplois a progressé de 900 000 au cours des dix dernières années [3]. Travail qui serait remplacé par un mirage à quelques centaines d’euros par mois. On peut comprendre qu’une partie d’entre eux soient séduits.

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C’est contre l’exploitation, la précarité, pour une juste rémunération et des conditions de travail dignes qu’il faut se battre, pas pour dépendre d’une aumône de la collectivité. Il faut être aveugle pour ne pas voir qu’une fois que chacun sera doté de son revenu universel et que l’on aura alors collectivisé plus du tiers des revenus, les entreprises pourront offrir des salaires encore plus faibles.

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La véritable urgence est de débattre du niveau de vie minimum que la société compte proposer aux plus pauvres. Ce que les rédacteurs du préambule de la Constitution de 1946 (article 11) ont appelé « les moyens convenables d’existence » et qui, 75 ans plus tard, manquent toujours. Comment expliquer qu’à 18 ans, on peut élire des représentants de la nation, mais ne recevoir aucun revenu minimum ? Avec Noam Leandri, président de l’Observatoire des inégalités, nous avons proposé un revenu minimum unique de 900 euros pour un adulte. Cela coûterait une quarantaine de milliards d’euros au total soit sept milliards de plus que ce qui est actuellement dépensé.


Pour lire l'article sur l'Observatoire des inégalités






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