« Penser l’après-COVID » suppose de proposer des projets de société mobilisateurs. La mise en place d’une Sécurité sociale de l’alimentation en est un. L’idée est simple : il s’agit de verser, chaque mois, à chaque personne, une somme – 100€ dans notre scénario – exclusivement dédiée à l’alimentation. Ce projet permettrait de lutter efficacement contre la précarité alimentaire tout en dynamisant la transition écologique de notre agriculture, renforcerait notre souveraineté alimentaire tout en confortant la place de la France comme une grande nation de la gastronomie. Par Clara Souvy et Clément Coulet.
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Imaginée lors d’une autre crise majeure – en pleine Seconde Guerre mondiale – la Sécurité sociale se révèle être aujourd’hui l’un des meilleurs remparts dans cette « guerre sanitaire ». En effet, nos concitoyens victimes du virus bénéficient, grâce au système mis en place en sortie de guerre notamment par Ambroise Croizat, d’un accès gratuit aux soins. La situation est très différente dans d’autres pays où les logiques néolibérales se sont emparées d’un bien commun : la santé. C’est le cas des États-Unis où une femme, non-assurée – comme plus de 27 millions d’Américains – a reçu une facture des urgences d’un montant de 35 000 dollars après avoir été testée positive au Covid-19[2]. Plus globalement, c’est l’ensemble de notre modèle universel de protection sociale qui a été salué, début mars, par leNew York Times comme le meilleur vaccin contre le Covid-19[3].
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« En 1946, on a décrété la santé comme bien commun,
en 2020, faisons de même pour l’alimentation. »
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Sur la même base que la Sécurité sociale de la santé, la Sécurité sociale alimentaire consisterait en la création de caisses récoltant les cotisations des citoyens selon leur niveau de rémunération. La somme récoltée serait redistribuée à tous et toutes via le versement chaque mois – sur « une carte de sécurité alimentaire » – de 100€ qui ne puissent être dépensés qu’auprès de professionnels de l’alimentation conventionnés ou pour l’achat de certains produits.
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Une SSA à 100€ par mois et par personne coûterait annuellement 80,4 milliards d’euros[7]– somme à laquelle il faut ajouter les frais de fonctionnement – contre 198,3 milliards pour la branche maladie de la Sécurité sociale[8].
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« La France « confond aide alimentaire et droit à l’alimentation : l’assistance à être nourri d’une part et l’accès autonome à l’alimentation d’autre part » D. Paturel. »
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LA SÉCURITÉ SOCIALE DE L’ALIMENTATION : UNE MESURE D’ÉCOLOGIE POPULAIRE « POUR LES CHAMPS ET POUR LES GENS
Chute dramatique de la biodiversité, appauvrissement des sols, pollution des eaux, importantes émissions de gaz à effets de serre… Notre système agricole doit, de toute urgence, mener sa transition écologique.
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Par ailleurs, une telle mesure permettrait de soulager un monde agricole en grande difficulté : 1 agriculteur sur 4 vivait en 2017 sous le seuil de pauvreté[19]et le risque de se suicider y était de 12 % plus élevé que dans le reste de la population[20].
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Ce système de SSA favoriserait de plus une relocalisation de notre agriculture.
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« Plus largement, c’est 8 millions de personnes qui seraient en situation de précarité alimentaire pour raisons financières dans notre pays. »
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