Un gouvernement inflexible, des grèves dures, une mobilisation qui ne veut pas s’arrêter, des syndicats réformistes en difficulté. Stéphane Sirot, spécialiste des grèves et du syndicalisme, analyse la mobilisation sociale inédite démarrée le 5 décembre contre la réforme du système de retraite. Une longue interview à lire absolument.
Le mouvement en cours contre la réforme des retraites est beaucoup plus ancré dans la grève et sa possible reconduction que les mobilisations précédentes. Comment analysez-vous ce changement ?
Nous avons un changement de contexte. Cela fait quatre ans que la France se trouve dans une situation de conflictualité quasi permanente. Une séquence qui s’est ouverte avec la contestation de la loi El Khomry en 2016. Depuis ce moment-là, il y a eu une contestation des nouvelles ordonnances travail à l’automne 2017, suivie de toute une panoplie de mouvements sociaux : les gardiens de prison, les salariés des Ehpad, le secteur de la santé, les cheminots sur leur statut et celui de leur entreprise. Et, parallèlement, des journées d’action dans la fonction publique jusqu’à l’été 2018. Ensuite, c’est le début du mouvement des gilets jaunes jusqu’à l’été 2019. Enfin, le 13 septembre, la mobilisation à la RATP annonce le mouvement social qui a commencé le 5 décembre. Nous avons une séquence assez longue de mise en ébullition de la société française qui ne s’arrête jamais, avec une critique sociale de plus en plus forte. C’est comme s’il y avait une longue chaîne de mobilisation sociale avec des maillons qui prennent le relai les uns après les autres. Avec la mobilisation contre la réforme des retraites, nous sommes dans un nouveau maillon de cette chaîne qui à mon sens va en connaître d’autres, jusqu’à ce qu’elle trouve un débouché politique.
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