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"Le salaire à vie qui vient : de la viralité à la réalité ?"

"Ca y est, nous y sommes revenus : la crise économique mondiale ne se profile pas comme celle de 2008 via les montages financiers créatifs des traders aux ordres d'actionnaires insatiables, mais au contraire par un ralentissement des flux de capitaux et des échanges marchands mondiaux qui s'apprête à devenir un blocus total dans les prochains jours.


Et les "élites" des gouvernements s'empressent de venir à nouveau la rescousse des entreprises - sous la pression de celles qui "comptent", le CAC 40 et les GAFAM : on peut imaginer que tout va y passer, depuis la prise en charge partielle des salaires (ou des salariés) aux subventions massives, des prêts gracieux à l'ouverture des déficits publics, voire à des mesures protectionnistes, comme en 2008. Bref, tout l'arsenal proscrit par la troïka UE-FMI-BCE pour agir pour le climat, la santé, les salaires, devient bon à prendre en temps de crise pour sauver le Capital de la faillite dans laquelle il se met régulièrement.


Et d'une certaine manière, c'est une bonne chose si cela nous permet d'ouvrir les yeux à nouveau sur les enjeux de la lutte de classes, sur ce que cela révèle de l'inanité du système capitaliste en version néolibérale : incapacité à éviter le mur, incapacité à se remettre en question ni à apprendre de ses propres erreurs, soustraction totale de la décision et de la souveraineté politique des peuples dont le destin serait lié au cours de la bourse, mais aussi fragilité totale du système mis en banqueroute par un virus de quelques micromètres identifié depuis 3 mois.


Puissent les mesures de confinement à domicile, accompagnées d'un maintien de salaire - versé par les entreprises, ou bien assuré par le volet assurance chômage de la sécu, nous le verrons bien - qui prend alors la forme d'un salaire inconditionnel, nous ouvrir les yeux sur cette évidence tellement difficile à croire : c'est nous, hommes et femmes, "travailleurs et travailleuses" dans ou en-dehors de l'emploi, qui produisons la valeur. L'économie, c'est nous, c'est les gens qui vivent et s'entraident et s'organisent sur leur territoire d'existence. Sauver l'économie, ce n'est pas sauver le cours de la bourse ni les capitaux, ce n'est pas sauver la balance commerciale ni sauver les "entreprises" possédées par des actionnaires, sauver l'économie ce n'est pas sauver les dividendes ni les emplois, sauver l'économie c'est sauver la vie, c'est sauver les êtres humains que nous sommes : cela commence par un salaire à vie.


C'est ensuite que tout pourra se (re)construire) autrement : nos choix de vie, nos choix de production, nos choix de consommation, nos choix de délibération politique, nos choix de coopération intra et internationale, nos choix de ce qui doit être marchand ou pas, nos choix sur ce qu'est un seuil de dignité.


Vive l'effondrement de la bourse et du système capitaliste ; de là naîtra notre reprise de conscience collective sur ce qui fait notre pouvoir. "Liberté, égalité, fraternité" reste un frontispice louable et ambitieux : commençons par mettre en oeuvre "conscience, connaissance et imagination" (Henri Laborit) en nous libérant du capital par un salaire à vie.


Damien Astier






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