Extrait de l'introduction de notre ouvrage " fake state", il serait possible de la modifier en y ajoutant la présente crise sanitaire, qui tragiquement renforce notre conviction sur l'émergence de cette impuissance organisée.
[Un fake state, c'est] un État qui conserve l’apparence de l’État, qui met en scène son action, laquelle, au final, n’a que peu d’effets sur le réel; un État qui, de manière habile ou non, se borne à la théâtralisation de son pouvoir volontairement diminué. Mais le fake state est aussi l’autre nom de la profonde crise démocratique qui frappe nos sociétés contemporaines, la crise d’une démocratie formelle mise sous tension par l’évidement de la souveraineté.
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En régime de fake state, l’insécurité sociale aussi bien que territoriale ne cesse de progresser: outils industriels bradés, territoires dévitalisés où les services publics désertent, écoles primaires fermées, délabrement des infrastructures…
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Faire la généalogie du fake state c’est donc comprendre à la fois comment l’État s’est volontairement débarrassé des outils de sa puissance depuis le début de la décennie 1980, et pourquoi la France se trouve plongée dans une crise qui met en jeu jusqu’aux fondements de son existence. C’est prendre la mesure de l’impuissance dont, après quarante ans de ce processus, la nation paye aujourd’hui le prix fort: montée des inégalités, désindustrialisation, chômage de masse, précarité et surtout inquiétude face à l’avenir."
Pour lire l'article de Frédéric Farah sur Alternatives économiques
