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La Banque publique d’investissement va éponger les pertes du CAC 40

La Banque publique d’investissement fait naufrage. Créée pour soutenir les projets d’investissement de long terme, elle va mobiliser de l’argent public pour voler au secours des groupes du CAC 40 dont les cours boursiers ont baissé.


C’est un bien étrange capitalisme que celui défendu par Emmanuel Macron. Un capitalisme où à tous les coups l’on gagne, en tout cas si l’on est dans le camp des milliardaires ou des actionnaires. Si la Bourse s’envole, c’est le jackpot ! Car les groupes du CAC 40 servent à leurs actionnaires des dividendes qui, année après année, ne cessent de s’envoler et qui, avec la « flat tax » inventée par le chef de l’État, sont désormais très peu imposés. Et si la Bourse baisse, c’est encore le jackpot. Pour une raison qui est toute nouvelle et renversante : la Banque publique d’investissement (BPI France) a décidé de voler à partir de la fin du mois d’avril au secours de ces mêmes groupes du CAC quand leurs cours boursiers baisseront.


Pour comprendre ce que cette idée a de choquant, il faut se rappeler que la BPI a été créée sous François Hollande en partant du constat que la finance avait dérivé au fil de ces dernières décennies vers les activités spéculatives et qu’il était urgent, à défaut de renationaliser le crédit, de créer au moins une banque publique qui finance les projets de long terme, ayant une utilité stratégique pour le pays ou pour préparer l’avenir.

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En créant la BPI, l’État pouvait donc reprendre la main et afficher des ambitions industrielles de long terme, en des temps où l’industrie est si malmenée par les marchés.


Las ! Quand Nicolas Dufourcq prend la tête de BPI France en 2013, la banque, contrôlée à 50 % par l’État et à 50 % par la CDC, va progressivement se transmuter en un établissement bancaire quasi banal et progressivement délaisser ce qui semblait devoir être ses missions d’intérêt public. Question de tempérament : le patron de la banque publique a dans le passé accompagné la première filiale internet de France Télécom, dénommée Wanadoo, vers la Bourse, en réalisant donc la privatisation d’un actif public. Il est de ce point de vue très semblable à Emmanuel Macron : avec lui, c’est le privé qui fait la loi.

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Ainsi, le patron de BPI France court depuis quelques jours micros et caméras pour annoncer la bonne nouvelle aux patrons du CAC 40 : la banque publique se met à leur service si d’aventure leur cours de Bourse chute, et mobilisera à cet effet beaucoup d’argent, dont de l’argent public.

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Réaction indignée – et tellement justifiée ! –, mardi, de ma consœur Martine Orange, sur Twitter, quand elle a découvert ce que devenait la BPI : « Le but d’une banque publique d’investissement n’est pas de soutenir des cours boursiers mais des projets d’investissement. Que les cours des groupes du CAC 40 décrochent lors d’une correction boursière, cela fait partie du risque, de la nature même du capitalisme. »


Car telle est bien la situation : au lieu de faire ce pourquoi elle a été créée – financer le long terme la BPI met à disposition sa structure publique, et de l’argent public, pour protéger les milliardaires du CAC 40 d’une possible instabilité boursière.

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La BPI s’est transmutée en une sorte de banque d’affaires et ne défend plus l’intérêt général mais les appétits privés. Pour faire bref, elle est devenue l’assureur du CAC 40, dans une sorte de Monopoly scandaleux où les citoyens sont les éternels payeurs et les groupes du CAC 40 les grands gagnants.


Pour lire l'article de Laurent Mauduit





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