Notes de lecture de Claude kintzig. Les réflexions de l'auteur sont précédées des initiales ck.
Avec Dostoïevski, Ivan Karamazov ne s'en remettra pas à un Dieu mystérieux, mais à un principe plus haut : la justice. Il inaugure l'entreprise essentielle de la révolte qui est de substituer au royaume de la grâce celui de la justice. Dieu et l'amour peuvent nous faire ratifier l'injustice. La foi suppose l'acceptation du mystère et du mal, la résignation à l'injustice.
Dostoïevski : peut-on vivre et se maintenir dans la révolte ? Oui en la poussant jusqu'au bout.
Nietzsche : celui qui veut être créateur doit d'abord être destructeur et briser les valeurs. Dieu est inutile puisqu'il ne veut rien. Il critique la religion pour sa non-résistance au mal. Il ne faut pas tuer même pour empêcher de tuer. Il faut accepter le monde tel qu'il est.
Le socialisme n'est qu'un christianisme dégénéré.
La poésie révoltée (fin XIX, début du XX) oscille entre littérature et volonté de puissance, entre irrationnel et rationnel, entre rêve désespéré et action implacable. Lautréamont et Rimbaud, nous apprennent par quelles voies le désir irrationnel de paraître peut amener le révolté aux formes les plus liberticides de l'action.
Dans le surréalisme, les entraves sont niées et l'irrationnel est triomphant (apologie du meurtre, mais élan de la vie). Tout se qui s'oppose au désir doit être détruit.
Pour André Breton, la révolution n'est qu'un cas particulier de la révolte. Pour les marxistes et toute pensée politique c'est le contraire.
Liberté : principe de toutes les révolutions. Pendant la terreur qui couronne la révolution, la justice exige la suspension de la liberté.
La révolte : mouvement qui mène de l'expérience individuelle à l'idée.
Révolution : insertion de l'idée dans l'expérience historique.
La révolte tue des hommes, la révolution détruit des hommes et des principes.
La révolte de Spartacus n'a apporté aucun principe nouveau hormis des "droits égaux aux maîtres". Spartacus et son armée d'esclaves ne voudront pas rentrer dans Rome (crainte des institutions ?)
1789 : le bon plaisir (du roi) est l'un des attributs de la grâce que la monarchie place au-dessus de la justice. La pensée libertine met la justice en avant--> remise en question de Dieu et de son représentant sur terre.
Rousseau démontre l'antériorité du pacte des citoyens au pacte du peuple et du roi qui est fondé la royauté. Il montre la différence entre volonté générale et volonté de tous.
Le "Contrat Social" est quelque peu décrit comme une religion civile.
St Just va démontrer qu'il n'y à rien au-dessus de la souveraineté du peuple, pas même le roi. Et donc la monarchie est le crime.
Après la mort de Louis XVI 21/1/1793,la Raison devient la nouvelle religion. Le but "établir une pente universelle vers le bien". La volonté générale :les lois, le peuple fait la révolution, le législateur fait la république.
St just était un puriste (la République est verte, etc), et il avait oublié que la loi dans son essence est vouée à être violée. St Just est un idéaliste dur : qui critique la République est un traître, qui ne la soutient pas ostensiblement est suspect.... Délire logique et l'échafaud assure l'unité rationnelle, l'harmonie de la Cité.
Il gardera la silence, fidèle à ses principes, avant la guillotine.
La pensée allemande du XIX (Hegel) à cherché à supprimer les cause de l'échec de la Révolution française et à remplacer la raison universelle par l'universel concret--> efficacité.
Tout le monde est vertueux pour le jacobin. pour le mouvement qui part de Hegel, personne ne l'est, mais tout le monde le sera. La violence recouvre tout dans les deux cas. Hegel via la dialectique maître-esclave justifie l'esprit de puissance au XX s. Le dilemme n'est plus être libre ou mourir mais tuer ou asservir.
L'esclave chrétien, voulant nier ce qui l'opprime, se réfugie dans l'au-delà du monde et se donne un nouveau maître : Dieu (ck on peut appliquer cela aujourd'hui à tout ceux qui nient l'oppression capitaliste et choisisse un nouveau Dieu : l'écologie). Grand mouvement nihiliste. Qui va déboucher fin du 19 s. sur beaucoup d'attentats. Tous les terroristes s'en remettent, contre leurs juges, à la justice d'autres hommes encore à venir.
Ils font des attentats, tuent, mais vont à la potence en restant fidèle à la révolution et sont cohérents avec eux-mêmes.
#### Le terrorisme d'état
Toutes les révolutions modernes ont abouti à un renforcement de l'État :1789 amène Napoléon, 1848 Napoléon III, 1917 Staline, les troubles italiens des années 20 Mussolini, la république de Weimar Hitler.
Les révolutions fascistes ne méritent pas le titre de révolution, il leur a manqué l'ambition universelle.
Plus de négociation, littérature, pitié, etc de l'action et bien sûr des ennemis. Hitler : "quand la race est en danger d'être opprimée la question de la légalité ne joue plus qu'un rôle secondaire".
Hitler à inventé le mouvement perpétuel de la conquête avec l'ennemi perpétuel et donc la terreur d'état perpétuelle. Entre le chef et le peuple il n'y a pas d'organisme de conciliation, mais l'appareil : le parti, émanation du chef. Et quand tout le monde est militaire le crime est de ne pas tuer lorsque l'ordre l'exige. Même l'idée d'innocence disparaît. Les condamnés sont obligés de se tuer les uns les autres.
A Nuremberg le procès du nihilisme, doctrine sous-jacente, n'a pas été fait.
En 1750 Turgot reprend l'histoire universelle de Bossuet : « la masse totale du genre humain, par des alternatives de calme et d'agitation, de biens et de maux, a toujours marché, quoique à pas lents, vers une perfection plus grande » (ck aujourd'hui cela interpelle : plus de perfection dans quels domaines : technique, oui, humain et collectif, non.)
L'avenir est la seule sorte de propriété que les maîtres concèdent de bon gré aux esclaves (ck on peut transposer à aujourd'hui).
La position de Marx serait plutôt appelée un déterminisme historique, au lieu matérialiste dialectique. Il ne nie pas la pensée, il la suppose absolument déterminée par la réalité extérieure.
#### Texte Suite
Marx est amené à mettre l'accent sur la détermination économique et sociale. Sa théorie de la mystification est encore valable car universelle. Le principe d'une lutte dialectique des classes est toujours vrai ou il ne l'a jamais été. Si ce principe disparaissait après la révolution,il y aurait un autre antagonisme social. La propriété privée, lorsqu'elle est concentrée aux mains d'un seul propriétaire n'est séparée de la propriété collective que par l'existence d'un seul homme.
Concernant la prise du pouvoir, Marx s'est souvent contredit : dictature du prolétariat versus suppression de l'état, souffrance versus bonheur futur... L'utopie remplace dieu par l'avenir. La seule valeur est ce qui sert cet avenir. Sa vraie grandeur :
* il s'est élevé contre la réduction du travail à une marchandise, et du travailleur à un objet
* il a rappelé aux privilégiés que leurs privilèges n'étaient pas de droit divins
* que la propriété n'est pas un droit éternel
* dénoncé la classe qui a fait une société
« Un but qui a besoins de moyens injustes n'est pas un but juste » (Marx).
Certains postulats de Marx sont erronés :
* la concentration indéfinie du capital et l'extension indéfinie du prolétariat devrait conduire à la révolution. Or...
* La loi de la concentration est fausse pour l'agriculture.
* La mission du prolétariat.
Deux alternatives :
* Ou bien le communisme ne termine pas l'histoire des contradictions et de la douleur : on ne voit pas alors comment justifier tant d'efforts et de sacrifices
* Ou il la termine : on ne peut plus imaginer la suite de l'histoire que comme u'e marche vers cette société parfaite. Mais quid de la dialectique ?
###### Le royaume des fins
Lénine ne fait pas trop de sentiments, il est meilleur stratège que philosophe. Met en place un réseau d'agents.
Le prolétariat n'a plus de mission à partir d'un certain moment, il n'est qu'un moyen puissant, parmi d'autres, aux main d'ascètes révolutionnaires. Des qu'il n'y a plus de classe sociale à maintenir opprimée, un État cesse d'être nécessaire. L'état bourgeois est d'abord supprimé par le prolétariat. Ensuite l'État prolétarien se résorbe.
Pourtant Lénine va charger l'État de nouvelles fonctions : diriger la grande masse de la population.
La doctrine marxiste est donc erronée et la socialisation des moyens de production n'a pas entraîné la disparition des classes.
Avec toujours cette approche : souffrir aujourd'hui pour le merveilleux au bout du tunnel. Et par extension il faut tuer toute liberté pour conquérir l'Empire et l'empire un jour sera liberté. Et la liberté n'est-elle pas servitude totale (ck on peut se poser la question de la perception par les chinois de leur régime politique).
Le système concentrationnaire russe à réalisé le passage dialectique du gouvernement des personnes à l'administration des choses, en confondant la personne et la chose. L'amitié disparaît au profit d'un Homme futur, et donc délation à outrance. La Cité devient une fourmilière d'hommes seuls.
Chaque religion tourne autour des notions d'innocence et de culpabilité. L'histoire un long châtiment. Nous sommes loin du marxisme et de Hegel. Comme Marx prédisait la cité sans classes, tout retard dans la marche libératrice devait être imputé à la mauvaise volonté de l'homme. Marx à réintroduit la faute et le châtiment.
L'objectivité n'a plus de sens définissable, mais le pouvoir lui donnera un contenu en décrétant coupable ce qu'il n'approuve pas.
Les victimes sont offertes en offrande au dieu historique.
En société bourgeoise, tout citoyen est censé approuver la loi. En société objective tout citoyen devra toujours être prêt à faire la preuve qu'il ne la désapprouve pas. En régime capitaliste l'homme qui se dit neutre est réputé favorable au régime. En régime d'Empire, l'homme qui est neutre est réputé hostile au régime.
### Révolte et révolution
Fascisme : n'a jamais rêvé de libérer tout l'homme, mais seulement quelques uns en subjuguant les autres.
Communisme : libérer tous les hommes, en les asservissant tous, provisoirement.
Les deux puisent leurs moyens dans le nihilisme moral.
La revendication de la révolte est l'unité, celle de la révolution la totalité.
La révolte est le refus par l'homme d'être traité en chose, et d'être réduit à la simple histoire. (ck : la révolte peut être perçu comme un processus permanent sans fin, la révolution ayant un objectif final).
Au lieu de tuer et mourir pour produire l'être que nous ne sommes pas, nous avons à vivre pour créer ce que nous sommes.
### Révolte et art.
Les nihilistes proclament le déchéance des valeurs esthétiques : être plutôt cordonnier que Raphaël.
Pour Marx l'art exprime les valeurs privilégiées de la classe dominante. Le cordonnier russe, conscient de son rôle révolutionnaire est le véritable créateur de la beauté définitive. Raphaël n'a créé qu'une beauté passagère.
La société capitaliste et la société révolutionnaire ne font qu'une dans la mesure où elles s'asservissent aux mêmes moyens de production industrielle et à la même promesse.
La société industrielle n'ouvrira les chemins d'une civilisation qu'en redonnant au travailleur la dignité du créateur, c'est-à-dire en appliquant son intérêt et sa réflexion autant au travail lui même qu'à son produit, sans séparer le travailleur du créateur.
### Révolte et meurtres
Le langage propre aux doctrines totalitaires est toujours un langage scolastique (la scolastique vise à concilier l'apport de la philosophie grecque (particulièrement l'enseignement d'Aristote et des péripatéticiens) avec la théologie chrétienne héritée des Pères de l'Église et d'Anselme), ou administratif.
La liberté que réclame le révolté, il la revendique pour tous.
La liberté absolue raille la justice, la justice absolue nie la liberté. La liberté ne peut s'imaginer sans le pouvoir de dire en clair le juste et l'injuste.
La non-violence absolue fonde négativement la servitude et ses violences. La violence systématique détruit positivement la communauté vivante. Pour le révolté la violence doit conserver son caractère provisoire.
### Mesure et démesure
La révolution sans autres limites que l'efficacité historique signifie la servitude sans limites. Pour y échapper : s'inspirer de la pensée des limites.
La révolution part de l'absolu pour modeler le réel, la révolte s'appuie sur le réel pour s'acheminer dans un combat perpétuel vers la vérité.
La politique n'est pas la religion ou alors elle est inquisition (ck : voir l'économie néolibérale qui nous est imposée comme politique : par, donc, des inquisiteurs).
