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Légitime défense sociale

Par FabFaber, le 11 avril 2021


Relever la tête

Le constat est clair. Et si l’on devait reconnaître à Emmanuel Macron une seule qualité, ce serait celle-ci : avoir eu la capacité, et le cynisme, de débarrasser complètement la bourgeoisie d'Etat des derniers oripeaux derrière lesquels elle persistait à falsifier son identité fondamentale.


Plus grand monde en France, en 2021, ne peut désormais ignorer la nature du "projet" bruyamment éructé par l'actuel président de la République lors de sa campagne de 2017. En 4 années de pouvoir absolu, le soldat Macron et son armée LREM ont littéralement ravagé les corps et les esprits du plus grand nombre, usant du pouvoir incommensurable de la Ve République pour finaliser le phagocytage de l'Etat par un capitalisme néolibéral ayant atteint son plus haut degré d'hystérie.


La pandémie de COVID19 qui s'est abattue sur le monde il y a un an ne fait qu'exacerber le constat. Alors que la nécessité de faire des choix politiques et démocratiques est plus que jamais nécessaire, l'unilatéralisme d'un seul homme (et d'une classe aux intérêts bien compris), piloté par l'idéologie, mène le pays à un cataclysme social d'une ampleur colossale.

Face à cet accaparement et à cette destruction en règle de nos destins communs, face à cette rage policée (dans les deux sens du terme!) qui veut nous régenter et nous ordonne la résignation, nous ne sommes pas démunis. Encore faut-il savoir regarder sans œillères les armes dont nous disposons, non pas pour résister seulement, mais pour riposter. Et fort.

L'une des règles de base en self-defense, est de ne jamais parer sans frapper sur-le-champ. Face aux agressions de l'Etat néolibéralisé, c'est donc la légitime défense sociale qui est de rigueur. Nous devons montrer à la force qui nous fait face que dorénavant, nous refusons de nous laisser cravacher impunément !

Frapper, donc. Oui, mais là où ça fait mal. Là où ça blesse.

Monter la garde


Dans l’arsenal dont dispose ce pouvoir néolibéral d'Etat, deux armes occupent une place de choix : la division sociale et le marché du travail. Pour la première, elle prend essentiellement, avec La République En Marche (appellation dont je m'étonne de n'avoir pas perçu plus tôt la dimension martiale !), la forme d'une mise en relation belliqueuse entre les différentes composantes ethniques et/ou confessionnelles de la France. Et il faut sans doute remonter au XIXe siècle et au début du XXe pour retrouver, à ce niveau de l'Etat, un tel acharnement décomplexé à jeter en pâture, à des médias qui en sont friands, autant d'accusations calomnieuses et d'objurgations obsessionnelles à l'égard des musulmans, des "racialistes", des "non-mixistes"(sic)...etc.


Ces coups bas systématiques portés à l'idée même de civilisation détournent l'attention et faussent le combat. En embuscade, l'extrême droite regarde le match d'un sourire narquois, tout en reprenant ses aises dans les rues de France et de Navarre...


Les citoyens, quand à eux, sont priés de focaliser leurs pensées sur la mise en scène pornographique de "débats" où chroniqueurs et éditocrates fielleux éructent leur dégoût de l’humanité, et surtout de sa fraction laborieuse et précaire.

La seconde arme de choix, le marché du travail, a pour fonction de cadenasser toute velléité des citoyens à prendre une part légitime dans ce qui occupe pourtant l'essentiel de leur vie éveillée : leur travail.


Une part légitime dans et de leur travail.


Ainsi, notre rapport au travail doit être initié par une demande d'emploi. Et par un tour de passe-passe lexical falsificateur dont le capitalisme s'est rendu maître, emploi devient synonyme de travail. Circulez, y'a plus rien à voir, ni rien à comprendre. Et si vous êtes finalement employé, vous êtes prié de prendre les coups sans broncher : derrière la porte, l'armée de réserve des employables trépigne d'impatience de vous remplacer.


Crochet


Le travail comme marchandise (fictive précisait Karl Polanyi), c'est ce point névralgique du capitalisme que le premier niveau de salaire inconditionnel (PNSI) vise. Soyons honnête, le PNSI ne provoquera pas le KO, en un coup bien placé, comme peut le théoriser Bernard Friot avec son salaire à la qualification, en abolissant la propriété lucrative par une socialisation totale du PIB. Quand aux pichenettes des revenus de base les plus ambitieux, ils seront aisément parés, et assurément contre-attaqués par une resucée version capitaliste qui ne fera qu'amplifier la domination de l'adversaire.


Le combat à mener est un combat de fond. Dans la durée.


Comme son appellation le suggère, le PNSI n'est que la première étape, le premier round. Le crochet qui atteint l'adversaire, et le fait douter. S'en saisir, c'est faire cesser la fête orgiaque capitaliste sur le dos de ceux qui travaillent. Le fusil sur la tempe ne sera plus autorisé sur le ring. Un corps social retrouvant une légitimité, même partielle, sur la valeur produite par son travail reprend confiance en lui et en ses capacités à transformer la société. Un corps social politique, parce que disposant de droits économiques pour assumer son rôle politique.


Ne nous y trompons pas, l'avènement d'un gouvernement authentiquement "de gauche" ayant pour projet le démantèlement des piliers sur lesquels repose le capitalisme est la condition sine qua non pour voir advenir un projet aussi offensif que le PNSI. Ce round décisif ne se gagnera pas seul, la préparation d’avant match doit être minutieuse et mobiliser toutes les forces. Mais chaque boxeur montant sur un ring le sait, s'il veut vaincre, il doit être persuadé d'une seule chose : l'échec n'est pas une option.

Amplifions donc notre redécouverte du travail qui nous émancipe, celui sur lequel nous avons des droits exclusifs. La démarchandisation du monde commence par celle de l'être humain.


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