Plusieurs personnalités dont Ludivine Bantigny, Caroline Fiat et Bernard Friot rappellent que « sans attendre un quelconque « jour d’après », la Sécurité sociale est notre meilleure arme aujourd’hui contre le Covid-19. Et elle sera notre meilleure arme, demain, quand il faudra affronter la crise économique ».
Ainsi, le gouvernement a annoncé un déconfinement progressif à partir du 11 mai, mais nous savons déjà que les moyens d’assurer la sécurité sanitaire ne seront pas au rendez-vous. Une autre organisation collective est devenue nécessaire pour dépasser cette crise sanitaire, écologique et sociale, vraisemblablement la première d’une longue série si nous ne changeons pas au plus vite notre modèle économique.
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Cette solidarité des travailleurs et travailleuses doit être soutenue et étendue. Et pour cela, nous avons un outil irremplaçable : la Sécurité sociale ! Créée et gérée majoritairement par les salarié·e·s jusqu’en 1967 (1), elle a été le pivot d’une vraie politique populaire de santé publique. Elle a permis le maillage hospitalier de tout le territoire national ainsi que l’éradication de nombreuses maladies qui frappaient les classes populaires (tuberculose, poliomyélite, diphtérie, tétanos). Elle peut et doit retrouver ce rôle.
Dès à présent, toutes et tous les salarié·e·s au sein des Conseils d’Administration doivent s’en approprier collectivement la gestion et décider de soutenir financièrement les initiatives solidaires existantes et à venir, et permettre de les coordonner. Ils et elles doivent également mandater un comité de chercheur·se·s indépendant·e·s et de travailleur·se·s, chargé d’établir une stratégie populaire de sortie de crise en alternative à celle du Haut conseil scientifique de Macron-Philippe.
Mais il revient aussi à chacun·e d’entre nous de donner à ces administrateurs·trices la puissance et la conviction politiques nécessaires. Le report des échéances des cotisations sociales décidé par le gouvernement est dans la droite ligne des politiques dites "d’allègement de charges", qui ont mis l’hôpital à genoux : exigeons le remplacement de ce report par le gel des dettes des entreprises auprès des banques. Et surtout prenons en main les moyens de production partout où c’est possible et nécessaire. Identifions les entreprises susceptibles de mettre leurs activités au service de la lutte contre la maladie. Dans les entreprises de mécanique, fabriquons des respirateurs. Dans les entreprises textiles, masques et blouses. Dans les laboratoires publics et privés, des tests de dépistage par centaines de milliers. Sur les plateformes logistiques, utilisons nos savoir-faire pour la répartition de ces productions. Et ainsi de suite, sans autre limitation que nos besoins et notre volonté.
La Sécurité sociale est notre création, elle est notre propriété collective. Elle est notre principale protection contre les méfaits du capitalisme et nous ne devons jamais l’oublier. Pour quoi nous battions-nous cet hiver à travers le refus des réformes des retraites, de l’hôpital et du chômage, sinon pour la Sécurité sociale ? Il ne tient qu’à nous de renouer dès maintenant les fils de cette lutte, sans attendre un quelconque « jour d’après ». La Sécurité sociale est notre meilleure arme aujourd’hui contre le Covid-19. Et elle sera notre meilleure arme, demain, quand il faudra affronter la crise économique (2).
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