Le débat autour d’une supposée sortie du confinement pour des raisons économiques est la pire manière de penser cette époque. C’est un débat entre deux positions conservatrices qui dissimule la vraie question, démocratique. Depuis quelques jours, une petite musique se fait entendre : il faut cesser de toute urgence le confinement pour des raisons économiques.
Conclusion de l'article de Romaric Godin
Si cette crise nous a appris une chose, c’est que, désormais, la protection de la vie doit être au cœur des politiques publiques. C’est donc à l’économie de se soumettre à l’homme, pas l’inverse. Le débat sur le confinement devrait donc se situer ailleurs.
Il devrait se situer dans le comment du confinement pour en minimiser les conséquences concrètes. Et dans ce débat, l’impératif de santé devra être confronté aux autres impératifs de la vie réelle pour trouver des solutions ou pour accepter des limitations temporaires. Ce dialogue n’est possible que s’il n’est pas uniquement pris en charge par un État qui utilise le confinement pour dissimuler ses manques et ses erreurs, comme un ersatz de politique sanitaire, sans se soucier de rien d’autres. Car dans cette logique d’un pouvoir sans contre-pouvoir, le confinement est une aubaine : il permet de suspendre le débat au nom de la « guerre contre le virus », tout en étant sûr de reprendre la guerre sociale après la crise sanitaire.
C’est pourquoi le confinement ne devrait pas être une suspension de la vie commune et de l’exigence démocratique. Il devrait au contraire être le moment où la société définit ses priorités et réussit à trouver des solutions pour sortir de la crise et éviter le châtiment que promettent les néolibéraux. Plus que jamais, au cœur même de la crise sanitaire, c’est bien de démocratie sociale dont ce pays – et ce monde – ont besoin.
Pour lire l'article de Médiapart
