UN COMBAT UNIQUE SUR PLUSIEURS FRONTS
Quatre luttes parallèles
La lutte pour la défense des retraites associée à la date du 5 décembre 2019 s’ajoute à celle, engagée depuis de longs mois, pour la défense de l’hôpital public, qui est en plein effondrement du fait de l’insuffisance des moyens alloués à son fonctionnement et de son pourrissement de l’intérieur sous le coup des logiques de rentabilité, de concurrence et de management par objectifs chiffrés. Mais la mobilisations pour les retraites est aussi parallèle à celle des précaires contre la réforme de l’assurance-chômage entrée en vigueur au 1er novembre 2019. Cette réforme extrêmement violente, et dont l’état d’esprit est de punir les chômeurs, prévoir notamment une baisse de la durée d’indemnisation et une augmentation à six mois de la durée de travail nécessaire pour recharger ses droits. Dans un contexte où un nombre de plus en plus important de chômeurs ne retrouvent du travail que pour quelques semaines voire quelques jours, dans un contexte d’hyper-précarité promue par le gouvernement lui-même, ces mesures vident de son sens le principe de solidarité du salariat et abandonnent les personnes privées d’emploi stable à la pauvreté et au déclassement. Enfin, une quatrième lutte sociale affleure à travers le pays dans les mêmes semaines : celle des étudiants contre la précarité et la misère, dont l’un des principaux ressorts est la destruction progressive du système d’aide au logement (APL) par les Caisses d’Allocations Familiales.
Convergence des attaques, cohérence des luttes
Le recouvrement temporel de ces quatre luttes n’est pas à proprement parler une coïncidence, mais plutôt la triple manifestation d’une même lutte, celle pour la défense du régime français de protection sociale, qu’on a longtemps associé uniquement au programme du Conseil National de la Résistance, jusqu’au retour en grâce récent de la figure d’Ambroise Croizat et des réformes de l’année 1946, qui ont donné à ce programme du CNR une forme très particulière, et très différente par exemple du système mis en place exactement au même moment par Attlee et Bevan au Royaume-Uni : une Sécurité Sociale indépendante de l’État, administrée par les représentants des salariés et coiffant simultanément le domaine de l’assurance-maladie, le droit des travailleurs à un salaire hors des périodes d’emploi, et notamment l’assurance-vieillesse, et la protection familiale, même si l’intégration des jeunes en formation dans le dispositif de Sécurité Sociale est d’emblée resté en retrait par rapport aux autres piliers.
