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« Territoires zéro chômeur de longue durée » : outil intéressant ou poudre aux yeux ?


Alors que les nouveaux gouvernements wallon et bruxellois de Belgique veulent s’inspirer de "Territoires zéro chômeurs de longue durée", une expérimentation démarrée en France en 2016, Politique en fait le bilan.

... Les critiques syndicales ne manquent pas en France : « En fait d’emplois en CDI, ce sont des CDD de 5 ans, en conséquence de la durée de la loi d’expérimentation. En fait de temps pleins, ce sont souvent des temps partiels. En fait de droits, on attend le respect des conventions collectives. En fait de travail réalisé, 80 % des travaux relèvent des compétences des agents territoriaux, pour partie, ou de salariés en emplois classiques. En fait d’accompagnant à la formation, tel que promis au démarrage, il est largement insuffisant. (…) » (8)

Et puis, naturellement, il y a la question du salaire, limité au SMIC en France. 7 % des travailleurs y ont vu leurs ressources baisser malgré l’emploi, 17 % n’ont pas eu d’amélioration de leur situation financière et, pour ceux dont le budget est un peu moins serré, la plupart disent tout de même continuer à ne pas s’en sortir. Il faut dire aussi, comme l’a rappelé le Réseau wallon de lutte contre la pauvreté lors du séminaire, que la première conséquence d’un retour à l’emploi pour une personne précarisée et endettée qui retrouve un emploi est de voir rappliquer les huissiers… La question de la rémunération n’est pas tranchée chez nous mais il nous semble évident que se contenter du salaire minimum, comme c’est trop souvent le cas pour les articles 60, n’est pas acceptable et qu’il faut exiger que les salaires suivent les barèmes en vigueur. Casser les barèmes au nom de l’emploi, c’est inacceptable. Dans ce cas on peut dire que les meilleures intentions mènent tout droit à l’enfer social… Pointons aussi que, concernant le « temps choisi », les expériences en ont montré les limites et l’expérience ne permet pas de sortir des impasses du temps partiel et des pénalisations qui concernent principalement les femmes.

De la poudre aux yeux ?

L’expérience française montre que l’on répète, malgré les bonnes intentions, les dérives du Workfare et donc de l’activation : mettre à l’emploi à tout prix mais sans penser le travail. La nécessité de régulation des activités a été sous-estimée. On constate beaucoup de précipitation et un lobbying pour montrer que ça marche.

Le problème du chômage reste d’abord le manque d’emplois disponibles. Ce projet ne remet pas en cause véritablement la culpabilisation des sans-emploi : on les considère bel et bien « incapables » d’occuper un emploi « normal », on les cantonne à des postes payés seulement au salaire minimum, ce salaire étant par ailleurs en bonne partie couvert par leur allocation. Cela dit, vu les montants limités (ce sont des enveloppes fermées qui ont été régionalisées), il est légitime de se demander si c’est ce type de projet qui mérite de bénéficier de ces moyens limités.

Payer les personnes selon les barèmes sectoriels et privilégier l’emploi à temps plein paraissent des conditions minimales incontournables pour que ces expériences ne deviennent pas l’exact contraire des intentions généreuses dont elles se réclament. Elles devraient en outre, moyennant un financement adéquat, être prioritairement tournées vers les personnes actuellement privées d’allocation (et donc aussi de beaucoup d’aides à l’emploi).

Pour lire l'article

Lecture complémentaire:

Atelier à la Journée du 13 janvier 2017 du Collectif des associations. Le revenu minimum d'existence et les territoires zéro chômeurà la Journée du 13 janvier 2017 du Collectif des associations. Voir notamment la présentation de Franck Lebas : QUELLES RÉPONSES À LA MARCHANDISATION DU « SOCIAL » ? Comprendre, partager, se repositionner, agir ensemble (CR de Nicole Picquart)

#Chômage #luttessociales

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