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De plus, à ces inégalités de genre s’ajoutent les inégalités sociales. Les femmes les moins diplômées, dont les revenus sont les plus faibles sont d’autant plus concernées par les dispositifs qui les écartent de l’emploi et au final leur retour est très difficile. Dans les familles les moins aisées, les enfants sont gardés dans 91 % des cas par un de leurs parents (généralement la mère) contre 31 % dans les familles les plus aisées .
Mais le quotient familial (QF) reste la part la plus scandaleusement inégalitaire des dispositifs familiaux. Il repose sur une réduction d’impôt sur le revenu liée au nombre d’enfants à charge. Les 10 % des foyers avec les plus hauts revenus profitent de 46 % de la réduction d’impôt (13,9 milliards d’euros en 2009) contre 10 % (moins de 1,4 milliards) pour les 50 % les plus pauvres(3). Cela revient à une réduction d’impôt d’environ 300€ par enfant et par mois pour les 1 % les plus riches contre 3€ de réduction pour les plus pauvres. Le QF non seulement ne réduit pas les inégalités mais il les aggrave.
Malgré la multiplication des dispositifs, la branche famille de la Sécurité sociale est passée de 50 % du budget de celle-ci en 1948 à 17 % en 2010. Les cotisations patronales sont, elles, passées de 16,75 % en 1951 à 5,4 % aujourd’hui. Les allocations familiales ont globalement perdu les 2/3 de leur valeur sur les 30 dernières années. Il y a eu, dans ce domaine là aussi, clairement un transfert d’une partie de notre salaire socialisé versé par la branche famille de la sécu dans les poches du patronat sous forme d’exonération de cotisations sociales.
Combattre les inégalités, favoriser le droit des femmes à disposer de leur corps
Concernant le Quotient Familial, il faut purement et simplement le supprimer. S’il faut procéder à des réajustements de revenus (et il le faut !), cela doit se faire par l’impôt et non via des prestations familiales. Celles-ci doivent être financées par des cotisations, c’est-à-dire du salaire socialisé. Elles doivent rester universelles, donc identiques pour touTEs afin d’éviter que la Sécu ne devienne le dernier recours des plus pauvres, une sorte « d’assistance » pendant que les plus riches se protégeront par des assurances privées. Elles doivent être revalorisées pour correspondre aux frais réels d’éducation des enfants.
Les services publics sont l’autre pilier d’une politique qui promouvrait réellement l’égalité femmes/hommes notamment à travers un système de prise en charge de la petite enfance gratuit et à la hauteur des besoins comme l’est l’école maternelle à partir de 3 ans.
Enfin la réduction massive du temps de travail est une condition nécessaire à la prise en charge égalitaire des tâches domestiques et donc à l’égalité professionnelle.
Ce n’est que dans ces conditions que les femmes pourront choisir d’avoir des enfants si elles le souhaitent dans des conditions matérielles permettant une prise en charge égalitaire et plus collective de la reproduction de la force de travail. Ces mesures doivent s’étendre à toutes les formes de filiation sans aucune discrimination.
