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« La guerre sociale est le résultat du développement du néolibéralisme » – Romaric Godin (Interview)


Le néolibéralisme peut-il conduire de manière systémique les sociétés démocratiques vers plus d’autoritarisme sur le temps long ? C’est la thèse défendue par Romaric Godin, journaliste à Médiapart, dans son dernier livre La Guerre sociale en France. L’opposition entre Capital et Travail semble n’avoir jamais été aussi forte, et la société française, ayant pourtant largement sauvegardé son modèle sociale en dépit du développement mondial fulgurant du néolibéralisme, cède aux sirènes de ce nouvel ordre économique. Mais quelles en seront les conséquences ? Mr Mondialisation est allé interroger l’auteur. Entretien.

Petit résumé:

Contrairement au libéralisme classique, l’État joue un rôle considérable dans notre néolibéralisme contemporain : l’ordre spontané des marchés n’existe que si la puissance publique le garantit... L'état est devenu l’agent du développement de la marchandisation du monde.

C’est pour cette raison que les néolibéraux ont besoin de l’État.

Depuis la crise des années 1970, l’État se place dans le camp du capital et mène des politiques qui favorisent l’accumulation de capital et le profit des entreprises.

La France est encore soumise à des élites qui cherchent à imposer le modèle des années 1980 remis en cause partout ailleurs.

En réalité, Emmanuel Macron sait parfaitement que son modèle est à bout de souffle. C’est bien pour cela qu’il tente de l’aménager dans les discours en verdissant sa communication et en parlant d’un « nouveau capitalisme » qui serait plus humain. Mais dans les faits, sa politique reste strictement néolibérale : réductions d’impôts pour les plus fortunés et les entreprises, réduction de la solidarité nationale, diète budgétaire pour les services publics et privatisations massives et injustifiées.

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Second article

Le fanatisme centriste. Extrait de La guerre sociale en France, de R. Godin

Nous publions ici un extrait de La guerre sociale en France de Romaric Godin, journaliste à Médiapart en tant que spécialiste des questions économiques. Il y analyse l’autoritarisme toujours plus prégnant en France, dont certaines racines sont à rechercher dans l’offensive néolibérale et, plus spécifiquement, dans ce qu’il nomme le « fanatisme centriste » de la présidence Macron.

Présentation du livre

La tentation d’un pouvoir autoritaire dans la France de 2019 trouve ses racines dans le projet économique du candidat Macron. Depuis des décennies, la pensée néolibérale mène une guerre larvée contre le modèle social français de l’après-guerre. La résistance d’une population refusant des politiques en faveur du capital a abouti à un modèle mixte, intégrant des éléments néolibéraux plus modérés qu’ailleurs, et au maintien de plus en plus précaire d’un compromis social.

À partir de la crise de 2008, l’offensive néolibérale s’est radicalisée, dans un rejet complet de tout équilibre. Emmanuel Macron apparaît alors comme l’homme de la revanche d’un capitalisme français qui jadis a combattu et vaincu le travail, avec l’appui de l’État, mais qui a dû accepter la médiation publique pour « civiliser » la lutte de classes. Arrivé au pouvoir sans disposer d’une adhésion majoritaire à un programme qui renverse cet équilibre historique, le Président fait face à des oppositions hétéroclites mais qui toutes rejettent son projet néolibéral, largement à contretemps des enjeux de l’époque.

Le pouvoir n’a ainsi d’autre solution que de durcir la démocratie par un excès d’autorité. Selon une méthode classique du néolibéralisme : de l’épuisement de la société doit provenir son obéissance.

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#démocratie #Totalitarisme #Libéralisme #luttessociales #Privatisation #Propriété

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