L’HISTOIRE NE SE RÉPÈTE JAMAIS. ELLE BALBUTIE PARFOIS ET FAIT SENS LE PLUS SOUVENT. ELLE SE TÉLESCOPE AVEC LE PRÉSENT ET PERCUTE NOTRE QUOTIDIEN. SOUVENT EN EMPRUNTANT DES CHEMINS BUISSONNIERS POUR MIEUX SE RAPPELER À NOTRE BON SOUVENIR. ELLE RAVIVE LA MÉMOIRE DES HOMMES QUI L’ONT SOUVENT DÉFAILLANTE. CHAQUE SEMAINE, «LIBÉ» EXPLORE LA CONCORDANCE DES TEMPS. AUJOURD’HUI, LA NAISSANCE DE L’ASSURANCE VIEILLESSE EN 1946.
Un vieux syndicaliste de Force ouvrière, blanchi sous le harnais du paritarisme et des nuits de négociations jusqu’au petit matin, avait coutume de dire qu’il n’aimait pas quand «un gouvernement prononce le mot de réforme. Il y a des chevaux de réforme que l’on envoie à l’abattoir. Quand les militaires parlent de réformer certains matériels, c’est qu’ils sont devenus trop vieux et bons à être envoyés à la casse». Le 12 septembre 1946, la loi sur l’assurance vieillesse était votée. Soixante-dix ans et des poussières après sa promulgation, cette loi qui avait pour ambition d’assurer des jours heureux aux vieux travailleurs, serait-elle devenue bonne à être mise au rebut ?
L’idée d’un régime de retraite pour tous les travailleurs figurait en toutes lettres dans la charte du Conseil national de la Résistance rédigée le 15 mars 1944. Elle stipulait qu'«un plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l’Etat», c’est-à-dire par les syndicats de salariés et représentants du patronat. Un texte issu des discussions entre les représentants des différents mouvements de résistance, élaboré par une vraie consultation nationale mais sans tintamarre celle-là, dans le plus grand secret entre quelques hommes.
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