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Lubrizol : « Pour qu’il y ait moins d’usines toxiques, il faut moins de biens manufacturés »


« Il y a une forme d’hypnose collective, de confiance aveugle en l’industrie », explique l’historien François Jarrige. Et la multiplication des normes ne serait qu’une façon de faire accepter les risques industriels, considérés comme inévitables et acceptables, à la population. La solution ? « Rompre avec l’imaginaire industrialiste. »

Reporterre : Que révèle l’incendie de Lubrizol sur notre société industrielle ?

François Jarrige : Une fragilité immense, et une forme d’hypnose collective, de confiance aveugle en l’industrie, qui peine à être remise en cause. Il montre aussi le paradoxe d’une société qui met en avant la maîtrise qu’elle a des risques, à travers notamment la multiplication des normes, mais qui, en fait, contrôle moins que jamais ce qui se passe. Les industries sont entremêlées au tissu urbain, les processus industriels sont toujours plus complexes, il y a toujours plus de substances sur le marché et toujours moins de capacité à contrôler.

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Lire aussi: Lubrizol : pourquoi la « gestion de crise » à la française est dépassée

Extraits:

L’incendie de l’usine Lubrizol à Rouen, dans la nuit du 25 au 26 septembre dernier, suscite de nombreux débats dont les médias se font quotidiennement l’écho.

Tandis qu’habitants, associations et élus dénoncent le manque de transparence de l’État dans sa communication autour de l’accident, les représentants de l’État s’en prennent aux rumeurs qui circulent sur les réseaux sociaux, accusées de nourrir l’inquiétude de la population.

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Quatre pistes pour réformer la gestion de crise

Alors que faire ? Seule une réforme profonde de la gestion de crise peut permettre d’éviter les erreurs récurrentes qui sont commises. Celle-ci devrait reposer sur quatre prémisses.

D’abord, ne pas considérer que la population et ses réactions sont un problème, voire le problème ; dans le cas d’espèce, la population est d’abord victime d’une situation dont elle n’est pas responsable. Elle a légitimement le droit de s’inquiéter et de poser des questions.

Ensuite, associer cette population et ses associations à la collecte et l’analyse de données, notamment par le biais des réseaux sociaux mais aussi en les impliquant dans les campagnes de mesure. Tous les outils existent aujourd’hui pour cela.

Il convient également d’utiliser les réseaux sociaux pour diffuser des informations et répondre aux questions en adoptant une posture empathique ; la culture du communiqué de presse ou du numéro vert est dépassée.

Enfin, dépasser une vision archaïque de l’État comme seul responsable de la sécurité des populations. L’État a une mission de protection, mais il n’a pas à lui seul les moyens de l’assurer.

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