« Il était une fois des personnes qui aspiraient à se libérer de la misère du capitalisme. Comment faire pour que leur désir de changement puisse devenir réalité ? »
Le communisme expliqué aux enfants est un livre qu’on aimerait avoir lu encore enfant. Du moins on aimerait l’avoir lu parmi les premiers livres qu’on lit lorsqu’on commence à se former politiquement et qu’on cherche des éclaircissements dans l’immense corpus de littérature critique. Car peu d’ouvrages se risquent à aborder la question du communisme, encore moins à la poser de manière aussi frontale et volontairement naïve : « Mais si le communisme est la société qui élimine tous les malheurs dont souffrent les gens dans le capitalisme, alors la meilleure idée qu’on peut se faire du communisme c’est ce qui peut éliminer le plus de malheurs».
En seulement quelques dizaines de pages Bini Adamczak 1 nous rappelle dans un langage clair et simple que le capitalisme n’a pas toujours existé, et qu’il n’existera pas toujours (« avant le capitalisme, les gens devaient aussi souffrir même si c’était d’autres malheurs »), et parvient même à décrire son émergence de manière relativement précise (mouvement des enclosures et développement du salariat en Angleterre). En mettant en scène des reines, des commerçantes, des paysannes, des ouvrières et des usines parlantes, l’autrice décrit un monde (le nôtre) où ce sont les choses qui règnent sur les gens de manière impersonnelle. « Tous ces trucs … D’abord on les produit pour qu’ils nous servent. Et ensuite, ils prennent de la graine, et c’est nous qui devons les servir. Et maintenant on est assis là sur tous ces fers à repasser. » Pour illustrer la dimension à première vue insaisissable des rapports capitalistes, c’est la séance de spiritisme qui sert de métaphore « En fait ce sont les personnes elles-mêmes qui déplacent le verre, mais elles ne pourraient pas le faire seules, seulement toutes ensemble. C’est juste par leur interaction, par leur rapport les unes avec les autres qu’elles font bouger le verre. Et cette interaction est de telle nature que les personnes ne s’en aperçoivent pas vraiment ».
Des notions habituellement complexes et délicates comme le fétichisme de la marchandise ou les crises de surproduction sont introduites avec beaucoup de fluidité sans perdre de vue la rigueur, et ce, dans le langage du conte pour enfants ou presque.
