James C. Scott occupe une place bien particulière dans le paysage des sciences sociales en France. Il est tout d’abord connu parmi les anthropologues pour ses travaux sur les sociétés paysannes[1]. Il est également connu parmi les politistes pour ses travaux sur l’État[2]. Enfin, ses concepts, notamment ceux de « texte caché », de « texte public » et d’ « infra-politique des groupes subalternes »[3], circulent parmi un large public de chercheurs qui visent à saisir les formes de domination et de résistance.
Dans Homo Domesticus. Une histoire profonde des premiers États[4], il fait cette fois-ci une incursion chez les archéologues afin de livrer une analyse originale des liens entre l’agriculture et la forme-État dans les premières sociétés humaines — on pourrait rapprocher sa démarche de celle de David Graeber dans Dette : 5000 ans d’histoire. Dans son livre, Scott prolonge des thèses qu’il développe ailleurs dans la continuité de ce que l’on pourrait appeler une « anthropologie anarchiste » où, au lieu de mettre l’accent sur les dynamiques sociales qui ont favorisé l’apparition de l’État et la bureaucratisation des sociétés, il s’attarde plutôt sur le refus de la domination étatique et la soif d’autonomie et d’autosuffisance des groupes humains.
