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Chronique sur le travail n°2 - Le stagiaire, ce bâtard


Mon dernier stage date du mois d'avril, dans une radio. Suite à un premier reportage folklorique, j'ai écrit ce texte. C'est formidable de pouvoir faire un stage, de voir la réalité derrière la fiche métier. Pour l'entreprise, un stagiaire, c'est bien pratique et c'est intéressant de lui transmettre son savoir-faire. Ça, c'est l'aspect positif, idéal. Il y a aussi l'envers du décor...

Dans ma longue carrière d’étudiante, j’ai été plus souvent stagiaire que salariée. J’ai fait des stages en crèche, centre de loisirs, centre social, association d’aide aux droits des étrangers, internat pour adolescents malvoyants, école primaire, école Montessori, journal et le tout dernier en radio.

Ce n’est pas le bagne, loin de là. C’est un entre deux, un statut un peu bâtard. Ni étudiant, ni professionnel. Un stagiaire, c’est un p’tit nouveau qui ne coûte pas cher. Il doit être assidu, le plus compétent possible et ne pas faire perdre trop de temps. Du café à la photocopie, en passant par les surnoms et l’indifférence totale, le stagiaire est un peu déshumanisé. Il erre car il n’a pas vraiment sa place, cherche à se rendre utile désespérément, mais son aide est comme celle d’un enfant. C’est mignon, c’est gentil. On accueille son dessin avec un sourire encourageant.

Ce qui manque souvent, c’est le savoir-accueillir. Une compétence qui peut sembler inutile à première vue, parce que accueillir un stagiaire, ou un nouveau salarié, ce n’est tout de même pas compliqué et ce n’est tout de même pas la priorité. Il n’empêche que la première expérience de tout jeune qui s’aventure pas à pas sur le marché du travail est aujourd’hui très souvent un stage (excusez mon manque de chiffres à l’appui). Un stage plus ou moins long, qui le dégoûte plus ou moins vite du métier qu’il rêvait d’atteindre. Je pense avoir frôlé la dépression en tant que stagiaire (professeur des écoles stagiaire, je précise, donc un stage rémunéré d’un an). Ce stage m’a laissé pendant de longs mois un arrière-goût amer et une appréhension à chaque nouvelle approche du monde du travail, qui a surtout affecté mon système digestif et lacrymal (de manière indépendante). Rien que le mot « stagiaire » sonne très mal. Je préfère de loin « apprenti ». Sa signification est transparente. Il renvoie à une histoire. Stagiaire, ça fait pitié rien qu’à l’entendre.

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#exploitation #Précarité #Apprentissage

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