Pendant que l’impasse des négociations entre Londres et Bruxelles accapare toute l’attention, la bataille fait rage sur le continent pour attirer les dépouilles de la City. Mais tout en encourageant les gouvernements à rivaliser de largesses, le secteur financier, emmené par les géants de Wall Street, poursuit discrètement une stratégie de plus long terme. Son but ? Façonner les futures relations entre Union européenne et Royaume-Uni à son avantage, en s’inspirant des dispositions les plus controversées des accords de libre-échange comme le Tafta. Enquête de l’Observatoire des multinationales et de partenaires européens dans le cadre du réseau ENCO.
Au lendemain du référendum sur le Brexit, le 23 juin 2016, on aurait pu croire que les dirigeants français n’attendaient que ça. Quelques jours plus tard, ils étaient déjà entrés en campagne. L’objectif ? Attirer les banquiers et les traders de la City à Paris. La sortie programmée du Royaume-Uni de l’Union européenne signifie la fin du « passeport financier », autrement dit de l’accès automatique de l’industrie financière britannique au continent. Et donc la nécessité de relocaliser hors de Londres une partie des 320 000 emplois directs que représente le secteur. La City, ce sont 150 milliards de livres sterling de revenus par an (environ 170 milliards d’euros), dont 20% concernent des activités dans l’Union européenne gérées depuis Londres. Une belle proie en perspective.
