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Brève histoire de la répression politique des enseignants au XXème siècle


Les vives discussions autour de l'article 1 de la loi Blanquer soulèvent la question de la liberté d'expression des enseignants. Un détour par l'histoire permet de situer ces débats sur le temps long et de montrer que la répression politique des enseignants et la conquête de leurs libertés ont aussi une histoire, souvent méconnue.

Certains droits semblent tellement acquis que l’idée même de leur réversibilité n’effleure pas. La période est pourtant à une urgente vigilance. Les métamorphoses de ce qu’il subsiste d’État-providence atteignent jusqu’au cœur même des identités professionnelles, à commencer par celles des fonctionnaires dont les gouvernements successifs organisent la disparition depuis des décennies. L’une des conditions de ce démantèlement historique, on le sait, est d’en limiter toute possibilité de contestation, surtout de la part des premiers concernés. Le corps enseignant - comme on dit - corps qui ne porte pas très bien son nom tant ses membres se désarticulent plus qu’ils ne se coordonnent, n’échappe pas à la règle. Il subit même une attaque que l’on aimerait qualifier de « sans précédent » mais qui évoque davantage quelques funestes « déjà vus ». L’école ayant cette faculté mystérieuse de fabriquer sa propre amnésie, il n’est sans doute pas inutile de retracer une petite histoire de la répression politique des enseignants que l’on dit si protégés et privilégiés.

L’inquiétude actuelle des enseignants provient de cette apparente anodine précision de l’article 1 de la loi Blanquer, en discussion actuellement au parlement : « par leur engagement et leur exemplarité, les personnels de la communauté éducative contribuent à l’établissement du lien de confiance qui doit unir les élèves et leur famille au service public de l’éducation ». L’article a suscité un tollé tel que le ministère s’est vu contraint de préciser qu’il ne s’agissait là que d’une position de principe, mais que rien ne remettait en cause la liberté d’expression des enseignants. Les syndicats ont rappelé qu’on pouvait tout de même tiquer sur cette précision arrivant en contexte de contestation des réformes éducatives en cours. Rapidement les débats se sont orientés sur ce fameux devoir de réserve dont les juristes ont pourtant montré qu’il ne concernait pas les enseignants mais la haute administration. Anicet Le Pors, responsable de la rédaction du texte de base sur les droits des fonctionnaires en juillet 1983 avait été très clair dans son article 6 : « la liberté d’opinion est garantie aux fonctionnaires », renvoyant une définition plus précise de la « réserve » à la construction jurisprudentielle, seule à même de statuer[1].

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#Réformes #Educationnationale #Servicespublics #Censure

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