Les éléments de cadrage sur la fiscalité et les dépenses publiques mis en ligne sur le site du Grand Débat présentent de nombreux biais qui induisent les citoyens en erreur. Loin de tirer le constat du mécontentement social pour remettre en question les priorités de sa politique économique, le gouvernement les pose comme un contexte inébranlable : la France, championne des dépenses publiques, vit au-dessus de ses moyens et les Français ne veulent plus payer d’impôt. Il faut donc réduire les uns et les autres. On demande alors seulement aux citoyens quels impôts supprimer et quelles dépenses couper. Nous souhaitons ici dénoncer quelques idées reçues et rétablir quelques vérités. Loin d’être une charge pour la société, les dépenses publiques constituent autant de revenus pour les entreprises et les ménages tout en assurant des services collectifs essentiels. Les comparaisons internationales se fondant sur les seuls ratios comptables ne sont pas pertinentes car elles ne comparent pas la même chose. Le discours et les politiques visant à stigmatiser les dépenses publiques en insistant sur leur « nécessaire » réduction contribuent à alimenter la contestation sociale et la montée des extrêmes en délégitimant l’action publique, développant le sentiment de culpabilité et d’abandon et en menant in fine à la dégradation des services publics.
1. Les dépenses publiques ça sert à quoi ?
Tous les tableaux de cette partie sont issus des statistiques de l’INSEE. Si vous voulez vous plonger dans les données, téléchargez le fichier ayant permis de faire ces tableaux.
Avant d’en arriver aux comparaisons internationales, penchons-nous sur le contenu des dépenses publiques françaises. La comptabilité nationale (uniformisée dans tous les pays européens) distingue trois façons de considérer les dépenses publiques, trois nomenclatures, chacune étant riche d’enseignements.
Qui dépense : l’Etat, les collectivités locales, les administrations de sécurités sociales ?
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