Le 17 novembre 2018, prenait forme le mouvement social inédit des Gilets Jaunes, observé au départ avec une certaine distance, pour ne pas dire méfiance, par la direction confédérale de la Cgt.
Début décembre, quelques dizaines d’organisations de la Cgt analysaient que « la période est marquée par une immense souffrance, une colère inédite et par des mobilisations massives dans notre pays », et estimaient nécessaire que la Cgt prenne « toute sa place pour conforter et amplifier ce processus de luttes […] condition nécessaire et préalable à toute négociation utile pour le monde du travail et à la victoire du mouvement populaire ». Elles considéraient que « la date interprofessionnelle du 14 décembre ne [pouvait] suffire à elle seule à répondre à cette urgence, pas plus que la compilation d’appels des organisations, avec pour seule perspective une date en janvier ou février » et appelaient à la convocation d’un Conseil Confédéral National (CCN) extraordinaire mi-décembre pour établir un cahier revendicatif interprofessionnel, une stratégie de lutte et un processus de mobilisation.
Huit semaines plus tard, entre les actes XI et XII du mouvement des Gilets Jaunes, au sein duquel commence à monter des appels à la grève générale, la Cgt a tenu mercredi 30 janvier une réunion non extraordinaire de son CCN. Dans ce communiqué qui a suivi, la Cgt constate que « Parti de la hausse des carburants, le mouvement des gilets jaunes a évolué. Des exigences nouvelles rejoignent désormais celles exprimées par les salarié-es, les retraité-es, les privé-es d’emploi, avec la CGT ».
Le communiqué précise en conséquence que, « partout où cela est possible, la CGT continuera à travailler les convergences avec les Gilets jaunes ». Cette position marque une avancée positive qui ne manquera pas d’inquiéter le grand patronat et ses représentants à la tête de l’Etat et des institutions de l’U€, notamment en ce qu’elle permet d’approfondir le décloisonnement tant redouté par les classes dirigeantes des questions sociales et politiques.
