Commentaire d'ASAV. Un seul bémol à cet article : la confusion entre "travail" et "emploi". Ce n'est pas le travail en lui-même qui fait souffrir, ce sont les conditions d'exploitation et d'oppression dans lesquelles il s'effectue : les salariés n'ont aucun pouvoir sur la production ni même sur leur propre travail et ils sont soumis au marché de l'emploi et au chantage à l'emploi.
Livres et articles se multiplient : on n’a jamais autant parlé de souffrance au travail. Mais ce nouveau « mal du siècle » ne fait pas que des victimes : pour les vendeurs de papier et les consultants spécialisés, il représente même une poule aux œufs d’or qui n’est pas près de s’épuiser, elle...
Quand paraît Germinal, en 1885, il se trouve de ventripotents bourgeois – hommes de pouvoir ou gens de plume – pour crier à l’exagération, au mensonge, à la manipulation. Allons donc ! Les conditions de travail des mineurs ne peuvent être si dures que l’écrit Zola ! Les mines sont de chouettes endroits où exercer son labeur ! Et promis, on ne s’y épuise pas plus qu’on n’y meurt précocement ! Quant à l’alcoolisme, à la misère et à la féroce usure des corps, ils ne règnent nullement en maîtres sur les corons ! Etc., etc. À l’un de ces zélotes patronaux, tâcheron au Figaro (déjà !), Émile répond point par point. Et l’écrivain d’insister : « Qu’on veuille bien consulter les statistiques, se renseigner sur les lieux, et l’on verra si j’ai menti. Hélas ! J’ai atténué. La misère sera bien près d’être soulagée, le jour où l’on se décidera à la connaître dans ses souffrances et dans ses hontes. »
Avalanche de mots sur les maux
Mutatis mutandis. Les choses ont bien changé depuis 1885. On ne meurt plus à 16 ans dans les boyaux obscurs d’une mine. Et il ne se trouve plus grand monde pour contester l’existence de la « souffrance au travail ». Au contraire, elle est partout dans les médias, soulignée, brandie, clamée – même dans les colonnes du Figaro. Très souvent traitée sous l’angle du burn-out (anglicisme branché pour dire l’épuisement professionnel), elle s’affiche désormais en Une et s’étale de page en page. Pour lire la suite
