Patrick Farbiaz est un militant écologiste et altermondialiste. Il a écrit une dizaine de livres consacrés à l’écologie, aux médias et aux mouvements sociaux. Il vient de faire paraître Les Gilets jaunes. Documents et textes, aux éditions du Croquant.
Quand les Gilets jaunes ont émergé, j’ai réagi spontanément comme beaucoup de militants écologistes. Vus des métropoles, ces gens « de nulle part », se réclamant de la civilisation de la bagnole, soutenus par Le Pen, ne pouvaient qu’être racistes, sexistes et homophobes. Celles et ceux qui se rassemblaient sur les ronds-points, les péages et les parkings des centres commerciaux, dans la tradition des jacqueries antifiscales, n’avaient rien à voir avec le changement social tel que je l’avais appris à travers la grammaire de l’émancipation utilisée au XXe siècle. Ces « petits blancs » ressemblaient tellement à ce peuple de Trump qu’ils m’étaient étrangers à tous les sens du terme.
Pourtant, en discutant avec de jeunes militants écologistes, je compris que je faisais fausse route, ressemblant à ces bourgeois, en particulier ces écrivains de droite ou de gauche qui avaient stigmatisé les communards comme un peuple d’alcooliques désœuvrés…
