Notes sur le mouvement des Gilets Jaunes, autour de Noël 2018
NB : ces notes ont été écrites fin décembre ; depuis, le mouvement a déjà en partie changé d’allure, et ce texte est à certains égards obsolète. Cependant je le propose à dndf tel quel, afin de susciter d’éventuelles discussions.
La question centrale du mouvement, c’est je crois, celle de sa composition, plutôt que celle de son idéologie (facho, pas facho), celle-ci découlant au demeurant de celle-là. En l’analysant, cette composition, on doit analyser l’État et la forme qu’il a pris, en France, en s’introduisant partout, jusque dans les derniers recoins des rapports sociaux, en étant l’intermédiaire absolu de tout, et particulièrement en tant que pourvoyeur de revenu (direct ou indirect). Au fond si les gens s’en prennent à l’État c’est bien parce qu’il médie tous les rapports, et en particulier la répartition du surproduit social. On ne s’en prend pas à son patron (quand on en a un) parce qu’on se sent plus ou moins comme une sorte de « salarié » de l’État, comme sous sa dépendance.
En apparence, on ne parle guère du travail. Mais ça n’est qu’une apparence. Que « la condition commune c’est le revenu » c’est déjà un indice. « Ras-le-bol de bosser pour faire le plein pour aller bosser » (entendu sur un rond-point) est un autre indice, sérieux celui-là, que derrière les revendications sur le salaire global est sans doute masqué le rejet du travail lui-même, qui n’est jamais très loin. Au demeurant chacun a été surpris de la disjonction entre des revendications en apparence mesurées (SMIC à 1 300 euros alors même que la CGT en exige 2 000) et des formes d’actions extrêmement radicales et immédiates.
