On peut considérer que ce type de violence s’étend du groupe à l’espèce entière.
Qu’est-ce qu’une classe ? Ce mot définit un ensemble d’individus qui ont en commun une fonction, un genre
de vie, une idéologie, des intérêts, etc. La multiplicité des facteurs qui entrent en jeu pour la définir rend
difficile l’appréciation de ses limites. Le marxisme en a fourni une définition simple. La classe prolétarienne
ne possède que sa force de travail, la classe bourgeoise détenant la propriété privée des moyens de
production et d’échanges. Il est clair qu’aujourd’hui un nombre considérable d’individus, ne possédant pas la
propriété privée des moyens de production et d’échanges, a des intérêts, une idéologie, un genre de vie, une
échelle de salaires qui en font de parfaits bourgeois. De même, définir le prolétariat par sa force de travail
consiste à dire que, lorsque l’on n’appartient pas à cette classe, on ne travaille pas, on vit dans l’oisiveté.
Cependant, un bon nombre de bourgeois, ou soi-disant tels, remplissent plus d’heures de travail par semaine
que n’importe quel ouvrier spécialisé.
Est-ce alors le genre de travail effectué qui constitue le facteur essentiel de division par classes de la société ?
Le travail manuel serait-il prolétarien, et l’intellectuel, petit ou grand bourgeois ! L’artisan serait alors un
prolétarien, au même titre que le manœuvre, et le philosophe marxiste ou l’instituteur, un bourgeois. Ce qui
n’est pas toujours faux. Certaines fonctions sont sans doute plus motivantes que d’autres, et un travail dans
lequel on joue avec des informations variées, un travail créateur de nouveaux ensembles abstraits, est plus
motivant que le geste stéréotypé du travailleur à la chaîne. Celui qui réalise le premier sera souvent moins
contestataire de la structure sociale qui lui permet de se gratifier que le second. Mais la frontière entre travail
intellectuel et manuel est encore bien mal délimitée et ce n’est pas parce qu’un travail fait moins appel à
l’énergie thermodynamique du muscle et de la main et plus à celle, métabolique et informationnelle, du
cerveau humain, qu’il n’est pas aussi automatisé, aussi dénué d’intérêt, aussi peu motivant. Mais ayant
demandé à celui qui l’effectue d’avoir atteint un certain degré dans l’abstraction, il sera mieux récompensé
par une structure sociale productiviste.
Mieux récompensé ? En quoi consiste la récompense, source le plus souvent de l’inégalité ? Elle est salariale,
bien sûr. Mais certaines professions, dont le salaire dépend de l’Etat, bien que professions dites
«intellectuelles», ne sont guère mieux rétribuées que celle remplie par un chef d’atelier dans l’industrie.
Pourquoi existe-t-il encore des médecins militaires, par exemple, passant des concours, alors que leurs
équivalents civils ont des situations économiques beaucoup plus rentables ? Le salaire est un facteur
motivant mais insuffisant à séparer les classes sociales. Un chercheur scientifique dira avec ostentation si on
lui demande quelle est sa fonction: «Je suis chercheur», alors qu’il est payé parfois juste au-dessus du SMIC.
La récompense n’est pas uniquement liée non plus aux décorations, à l’avancement hiérarchique, encore que
les professions où celui-ci est possible soient plus attirantes pour l’individu que celles où il n’existe aucun
espoir promotionnel. Mais cette progression hiérarchique est forcément liée au conformisme à l’égard des
valeurs, des lois, des préjugés, des intérêts d’une société, d’un lieu et d’une époque. Tout petit Français est
«libre» de devenir président de la République (dit-on) comme tout P-DG d’une grande multinationale est
«libre», au même titre que le clochard, d’aller coucher sous les ponts. Mais il n’y a que le clochard qui en
«profite». Cette progression hiérarchique est donc parfaitement stérilisante et n’est utile qu’à la reproduction
de cette structure sociale. Nous serions donc tentés de dire que le bourgeois est le conservateur de cette
dernière et le prolétaire celui qui veut la transformer à son avantage. Malheureusement, ce n’est souvent que
pour la reproduire, en changeant les éléments de l’ensemble sans en changer fondamentalement la
structure; nous verrons que l’inverse est également vrai.
En réalité, ce qu’il est convenu d’appeler la «démocratie» dépend fondamentalement de l’image idéale que
les individus se font d’eux-mêmes. Nous savons que cette image est celle que leur entourage immédiat,
depuis leur plus jeune âge, a façonnée en eux-mêmes, donc du niveau culturel de cet entourage. Si l’individu
a l’impression d’avoir réalisé cette image dans la société où il se trouve, quel que soit le niveau qu’il atteint
dans l’échelle hiérarchique, il ne cherchera pas à transformer une structure sociale qui reconnaît ses mérites.
Par contre, s’il se voit plus beau, plus grand, plus «intelligent», plus généreux que l’image qui lui est renvoyée
par l’ensemble social, alors il sera tenté de renverser cet ordre social qui ne lui renvoie pas l’image idéale qu’il
se fait de lui-même et de participer à la création d’un nouvel ordre qui reconnaîtrait ses mérites. Dans le premier cas, ce sera un conservateur bourgeois, dans le second, un révolutionnaire prolétarien. Qu’on ne
s’étonne pas alors que dans les pays «démocratiques» le partage électoral des voix se fasse en général par
moitié pour la «droite» conservatrice et la «gauche» transformatrice, mais rarement révolutionnaire. Entre
les deux, évolue souvent un marais idéologique qui, ne se voulant pas conservateur d’une structure sociale,
ce qui fait rétrograde, tente cependant de conserver ses prérogatives en son sein, en proposant quelques
réformes qu’il croit susceptibles de tempérer l’agressivité révolutionnaire. Dans un tel système, où tout
individu est le dominant de quelqu’un, le mari sur la femme, le chef d’atelier sur «ses» ouvriers, le petit chef
de bureau sur les employés, le cadre moyen sur le petit cadre, le cadre supérieur sur le moyen, parfois sous
la parure d’un paternalisme dégoulinant, etc., mais aussi le dominé de quelques autres, personne ou presque
n’est tenté d’employer la violence active pour améliorer sa position. Celle-ci s’accompagne d’aliénations
multiples, mais aussi de multiples facteurs de sécurisation; ceux apportés par les lois sociales, mais ceux aussi
qui résultent de l’éparpillement de ce qu’il est convenu d’appeler les «responsabilités». Personne ne réalise
qu’il est d’abord prisonnier et aliéné par un système, dans lequel la seule finalité est la productivité en
marchandises, mais que ce monde marchand est aussi un monde d’acheteurs, auquel on doit fournir les
moyens de l’achat. D’où l’élévation exigée du «pouvoir d’achat» qui va permettre l’accroissement des
investissements nécessaires à l’accroissement de la production: système fonctionnant à «tendance», comme
diraient les cybernéticiens qui savent parfaitement qu’un tel système «pompe». Un pont sur lequel une
troupe passe au pas cadencé peut s’écrouler. Ce système dans une certaine mesure, dans les pays
industrialisés, atténue les différences dans la consommation et, à l’encontre de ce que soutient René Girard,
diminue les tensions qui aboutissent à la violence révolutionnaire, à la lutte de ces classes si difficiles à
délimiter.
A l’origine de la civilisation industrielle, cela n’a pas été le cas, puisque ceux qui possédaient la force de
travail, manuelle le plus souvent, étaient entièrement exploités, dépendants, dominés par ceux, peu
nombreux, qui possédaient les moyens de production: les détenteurs du capital. Mais la nécessité d’une
production croissante pour conserver leur dominance les a contraints à faire appel à ceux qui, sans posséder
les moyens de production, ni le capital, étaient capables d’inventer des moyens nouveaux de production plus
performants et à ceux capables de les administrer: technocrates et bureaucrates. Cette nouvelle «classe»
s’est donc progressivement imposée au capital privé comme à l’Etat; elle a imposé, par cela même, sa
dominance sans toujours en tirer le parti pécuniaire que son importance croissante lui aurait permis
d’espérer. Mais, facteur indispensable de la croissance économique, sa dominance, tirée de son
indispensabilité, a suffi à satisfaire son narcissisme et son idéal du moi. Malheureusement, une technologie
de plus en plus abstraite et efficace a rendu la force de travail manuel de plus en plus inutile et a contraint
ceux qui ne possédaient qu’elle au chômage. C’est l’étape à laquelle nous sommes parvenus à l’intérieur des
Etats industrialisés et qui pourrait être à l’origine chez eux, avec le nouvel accroissement des différences,
d’une nouvelle explosion de violence dans le groupe, si des lois sociales à l’égard des chômeurs n’en
retardaient l’apparition.
Qu’on nous pardonne ces vues économiques et des rapports de production un peu simplistes dans un
système de causalité linéaire, un peu simpliste également, et que nous avons déjà largement critiqué. Il n’a la
prétention que de fournir un cadre très général pour passer de la violence individuelle à celle à l’intérieur du
groupe. Les statistiques montrent toutes (voir à ce sujet J.-C. Chesnais [49]) que la violence interindividuelle a
considérablement diminué au cours des derniers siècles, et tout particulièrement depuis le début de celui-ci,
dans tous les pays européens. La diminution des inégalités de toutes sortes paraît en être un facteur
prédominant. Mais au niveau d’organisation englobant, celui des Etats, elle n’a fait que croître dans son
efficacité meurtrière.
Un dernier fait doit être lourdement souligné: il ne suffit pas de changer la structure sociale d’un ensemble
humain pour transformer la structure des éléments individuels qui le composent. En d’autres termes, il ne
suffit pas, par exemple, de supprimer la propriété privée des moyens de production et d’échanges, qui n’est
qu’un moyen parmi d’autres d’établir la dominance, pour rendre l’individu «maître de son destin». Cette
suppression est sans doute souhaitable, mais les expériences qui en ont été faites à travers le monde
montrent à l’évidence que la dominance a d’autres moyens de s’établir. Technocratie et bureaucratie, même
si elles ne sont pas récompensées par des différences importantes de salaire, fournissent aux technocrates et
aux bureaucrates un pouvoir discrétionnaire qui suffit à satisfaire leur narcissisme. De plus, la motivation fondamentale n’étant plus le profit (qui se moque bien des idées et les accepte toutes pourvu qu’elles se vendent) mais le pouvoir oblige celui qui veut y participer au conformisme idéologique le plus absolu, s’il ne veut pas risquer la déportation ou l’hôpital psychiatrique. Il s’ensuit que dans un tel système ce n’est pas le prolétaire qui souffre le plus, mais ce qu’il est convenu d’appeler l’intellectuel, surtout celui aimant à manier des idées non conformes à l’idéologie dominante. Il en résulte ainsi une stagnation idéologique et
conceptuelle navrante.
Ainsi, il ne suffit pas de remplacer le bourgeois par le prolétaire ni de transformer les rapports de production
pour transformer les éléments du système, c’est-à-dire les individus qui conservent toujours un cerveau
humain à trois étages, dont le plus dangereux, en ce qui concerne la violence, est celui de l’apprentissage des
automatismes acquis.
Au début, nous avons tenté de définir la violence comme la caractéristique d’un acteur assurant l’application
d’une certaine quantité d’énergie sur un ensemble organisé, y provoquant un certain désordre, augmentant
son entropie, perturbant sa structure (ensemble des relations existant entre les éléments de cet ensemble
organisé). Cette définition s’applique à la violence interindividuelle (crimes, suicides, coups et blessures
«volontaires»). Elle s’applique encore à un ensemble social, mais dans ce dernier cas, la structure est moins
apparente puisqu’elle consiste en relations interindividuelles: relations économiques, culturelles,
idéologiques ou politiques qui furent toujours jusqu’ici des relations hiérarchiques de dominance,
généralement institutionnalisées, après un épisode de terreur, et s’exprimant par des lois. Cependant, cette
structure étant parfaitement abstraite, impalpable, la violence ne pourra s’exercer contre elle qu’en
s’exerçant sur les individus, qui sont censés en profiter et en être les défenseurs.
Dans ce cas, la violence sera le fait des dominés, lorsqu’ils ne pourront plus supporter l’inhibition de leurs
actions gratifiantes (impossibilité d’assurer leurs besoins fondamentaux ou acquis, blessures narcissiques et
absence ou suppression secondaire de pouvoir). Mais les individus profitant de la violence institutionnalisée
ne seront pas toujours atteints. Le terrorisme est un moyen de focaliser sur quelques-uns, qui ne sont
malheureusement pas toujours les «responsables», la violence contre la structure de dominance
institutionnalisée. La révolution sanglante en est un autre. Mais bien souvent, entre les dominants et les
dominés s’interposent la police et l’armée, ce qu’il est convenu d’appeler les «forces de maintien de l’ordre»,
du maintien justement de cet ordre où existent dominants et dominés, de l’ordre hiérarchique de
dominance. Et la police et l’armée seront presque toujours aux côtés du pouvoir, pour le maintien d’un ordre
dans lequel leur ordre personnel s’inscrit. Si bien que, à moins que la subversion soit alimentée en armes
efficaces par un Etat étranger pouvant avoir intérêt à la «déstabilisation» (sic) de la structure en cause, la
révolution sera toujours perdante et se limitera à l’émeute.
Il est même curieux de constater qu’un comportement social, comme la grève, qui paraît essentiellement
non violent, puisque caractérisé par l’inaction, est souvent susceptible de déstructurer l’organisation sociale
fondée sur la productivité en marchandises qui l’autorise. Si bien que le pouvoir utilise parfois la police ou
l’armée pour l’interdire et que c’est lui qui, dans ce cas, introduit une violence active à laquelle risque de
répondre une violence défensive qui ne s’était pas encore exprimée. Mais il est aussi curieux de constater
qu’à l’intérieur même du prolétariat en grève, les centrales syndicales qui savent ce qui est «bon» pour les
syndiqués essaieront d’établir leur dominance, les unes par rapport aux autres, jusqu’à l’action violente
corporelle envers l’individu, le groupe ou le syndicat localement dominé si celui-ci ne veut pas suivre l’ordre
de grève, et tout cela au cri de «Liberté» avec un discours logique à la clef comme alibi indiscutable à l’action
violente. «Ton analyse, mon vieux, ne tient pas debout !» et suit un discours fondé sur un système de
causalités linéaire et simpliste, faisant en général appel aux grands ancêtres qui ont pensé pour ceux qui
n’avaient pas le temps de le faire, et qui n’exprime que l’intérêt particulier, conscient et surtout inconscient,
de celui qui le prononce.
A cette violence à l’intérieur du groupe, il est encore possible de rattacher la violence du régionaliste et de
l’autonomiste dont nous avons déjà parlé. A l’aliénation implacable, à l’égard de cette structure abstraite
qu’est l’Etat, institutionnalisant la structure hiérarchique de dominance, dans un centralisme bureaucratique
sans visage, ceux-là préfèrent une structure régionale moins abstraite, plus palpable, faite de tous les
automatismes acquis au sein d’un espace climatique particulier et transmise au cours des millénaires. Elle
réunit en effet un sous-ensemble d’individus, effaçant entre eux les différences, et au contraire accusant celles qui les séparent des ensembles englobants. Là encore, le bouc émissaire sera l’Etat, mais, à l’exception
des statues objectivant la République une et indivisible, la violence ne pourra trouver que des objets ou des
individus qui sont considérés comme étant le symbole de cet Etat castrateur. L’inhibition de l’action
gratifiante par un centralisme uniformisant nous paraît être encore le facteur réunissant l’ensemble des
causalités dont des analyses, économiques, sociologiques ou politiques, isoleront celles les plus favorables à
la cohérence du discours explicatif.
D’autres types de violence devraient être également étudiés dans l’optique de la biologie des comportements
humains en situation sociale: la violence routière, de loin la plus meurtrière mais jamais mise en cause, la
violence industrielle des accidents du travail, la violence des pollutions industrielles, etc. On retrouverait
toujours à l’origine la recherche d’une dominance entre les individus les grands groupes industriels nationaux
et internationaux, les Etats. Les mouvements écologiques peuvent tirer à juste titre la sonnette d’alarme, ils
ne nous proposent généralement que des actions négatives, sans jamais mettre en cause la motivation et les
mécanismes comportementaux qui animent l’action polluante. On assiste même à la compétition ridicule
entre ces mouvements, qui chacun recherche l’établissement de sa propre dominance comme champion de
la lutte écologique derrière un représentant inspiré.
Au début de ce chapitre, parlant de la lutte de classes, nous avons signalé que ce type de violence s’étendait
du groupe à l’espèce entière. En effet, nous verrons plus loin que la violence entre les Etats industrialisés et
ceux du tiers monde constitue, au niveau d’organisation des peuples, une lutte de classes du dominé contre
le dominant, l’inverse n’ayant été, jusqu’ici, qu’une violence institutionnalisée par les peuples dominants.
Esclavagisme et colonialisme en sont des exemples.
Chacune des formes de la violence à l’intérieur du groupe pourrait faire l’objet d’un long développement, qui
en analyserait les facteurs multiples et privilégierait certains d’entre eux. Mais dans le cadre que nous avons
tracé, le lecteur peut lui-même réaliser ces développements. Nous serions étonnés s’il ne retrouvait pas toujours à leur origine l’apprentissage de l’action et du bien gratifiant et la recherche de la dominance permettant de s’attribuer ce dernier. On peut dire que dès qu’un groupe humain se différencie et s’isole par rapport à un ensemble, par sa fonction, ses ressources économiques, son pouvoir politique, ses origines ethniques, etc., du corporatisme aux sectes religieuses ou idéologiques, il tentera de défendre ses «droits» qui ne sont généralement que ses avantages acquis ou perdus, par le discours d’abord et sa diffusion, par la violence ensuite lorsque le discours s’avère inefficace. Il faut noter, cependant, que certaines religions ont largement servi le maintien des dominances en persuadant les dominés que, plus leurs souffrances et leur misère étaient insupportables, le fait de les supporter sans révolte était l’équivalent d’un chèque tiré sur un
autre monde où ils seraient définitivement heureux. L’acceptation des statuts sociaux se fit souvent sans révolte, en admettant que les différences résultaient des lois divines et éternelles et que la justice n’était pas à attendre ici-bas, mais ailleurs. Il est aussi plus facile et plus consolant de croire à une fatalité transcendantale que d’accepter, de rechercher et de mettre en lumière quelques-uns des innombrables facteurs environnementaux qui, par niveaux d’organisation, enchaînent un homme à son destin.
Un projet divin ne peut être que «juste» suivant notre conception humaine de la justice et mieux vaut, sans y rien comprendre, s’en remettre à lui qu’à un déterminisme aveugle à la hauteur de notre ceinture, mais aussi à la portée de notre main. Il n’est pas impossible pourtant d’imaginer que c’est par l’intermédiaire de ce dernier que le premier se réalise. Pourquoi pas ? Mais alors ce déterminisme aveugle, à portée de notre main, pourquoi ne pas y porter la main ? Pourquoi ne pas essayer de le démonter en pièces détachées, comme un enfant démonte ses jouets mécaniques, même si ensuite il ne sait plus les remonter ? De toute façon, l’action est anxiolytique. La croyance en la «bonté» divine aussi d’ailleurs, bien que cette bonté ne vole pas plus haut que la nôtre, bien sûr. A chacun donc de se laisser guider par le type d’anxiolyse qui le fatigue le moins, mais sans forcer l’autre, surtout par la violence, à suivre le même chemin.
Extrait de l'ouvrage « La colombe assassinée » de Henri Laborit, 1983
