L’économie est au cœur de la politique, au point qu’on pourrait les confondre. Pourtant, l’économie ne suffit pas à faire société, et la théorie économique classique bancale ne prend même pas en compte les besoins. L’expression des besoins et d’un désir de société se trouve dans les élections de mi-mandat américaines et les Gilets Jaunes. C’est la revanche du politique sur le tout-économique !
La tout-économique est trop étroit pour contenir la politique de toute une société.
« [L’économie, idiot !], voilà l’un des principaux mantras de la campagne présidentielle de Bill Clinton en 1992, depuis devenu un classique des « sciences politiques » : Pour gagner une élection, il faudrait donc jurer de faire l’économie, toute l’économie, rien que l’économie. C’est du moins ce que semblent croire les élites économiques, médiatiques et politiques libérales, ainsi qu’une partie de la population. L’économie est au cœur des politiques, qu’il s’agisse de « relancer la croissance », de « favoriser les investissements par des crédits d’impôts », de « garder le triple A », d’ « accroitre la compétitivité » ou de « libérer les énergies ».
On a en effet pris l’habitude de confondre questions politiques et économiques, comme si l’économie déterminait tout. Cette croyance fait tellement tourner la tête des grands esprits micro-économiques qu’ils en viennent à expliquer qu’un mouvement comme les Gilets Jaunes provient non pas du fait que le pouvoir ne comprend pas les problèmes du peuple, mais de ce que c’est le peuple qui refuse de faire l’effort de comprendre ses dirigeants éclairés ! Ces illuminés restent donc aveugles au fait que les Gilets Jaunes en France, ou les élections de mi-mandat (« midterms ») aux Etats-Unis, sont les signes que l’étroitesse de l’économie ne peut contenir tout ce qui fait une société sans que celle-ci ne finisse par déborder. Expression politique des besoins, désir d’une société au-delà de l’économique, voilà la vague qui se profile et dont l’écume médiatique ne doit pas nous faire oublier la force profonde.
