Vendredi 27 janvier, RS IDF a été invité à participer à une émission radiophonique sur Le Revenu Universel avec Jean Marie Harribey (nous en avons parlé dans un post précédent).
Pour rappel : Selon lui, la validation sociale (qui fait que du travail produit ou non de la valeur) c'st la décision politique qui est en amont du salaire et non le salaire. Selon lui, Bernard Friot a modifié progressivement sa position sur cette question mais "pas Réseau-salariat qui continue à propager un discours que même Bernard Friot ne reprend plus aujourd'hui".
Voilà notre analyse de cette divergence d'opinion entre RS et J.M. Harribey:
Ce que JMH n'avalera jamais, c'est le principe de ne plus (prétendre) mesurer le travail en train de se faire. D'où son insistance à interpréter la retraite comme un transfert. Il ergote autour de "décider de verser / verser" un salaire, comme si la décision se renouvelait tous les mois, et comme si le versement d'un salaire était assimilable au versement de revenus. On peut très bien évaluer le travail qualitativement, introduire des institutions permettant de prendre des décisions d'orientation du travail (ne serait-ce qu'avec les caisses économiques, mais aussi avec les jurys de qualification s'il y a échelle de salaires), et donc valider de façon macroéconomique la part de production de valeurs d'usage qui constitue la production économique (et donc le travail), sans pour autant (prétendre) mesurer quantitativement le travail en situation. Nous revendiquons la reconnaissance salariale d'un statut et non pas une amélioration de la reconnaissance salariale des productions telles que validées une par une. Le salaire à vie reconnaît le statut des agents économiques, pas une quantité mesurable de production. Il ne reconnaît pas ce qui est produit, mais le statut de celui/celle qui produit. Donc il est vain de participer aux débats avec JMH sur les contours de la définition de ce qui est produit, sur les mécanismes permettant de valider ce qui est produit en vue de conditionner le salaire. Valider socialement la production économique, d'accord, mais en vue d'organiser la production et non pas en vue de conditionner le salaire. JMH dit en gros : "si je ne suis pas en situation de produire des valeurs d'usage qui appartiennent au champ de la production validée socialement, alors je ne mérite pas de salaire, à l'instar des retraités qui sont exclus de la sphère économique et donc doivent être destinataires de transferts de monnaie pour vivre". Nous, nous proposons une autre reconnaissance salariale : "je suis réputé être producteur de valeur économique, je m'émancipe de l'injonction à mesurer mon travail, j'ai le droit de participer aux orientations de la production, et j'ai le devoir de respecter ces orientations une fois décidées. S'il y a échelle de qualifications et que je satisfais aux critères de montée en qualification (après examen global de mon comportement passé), alors je serai réputé être davantage producteur de valeur économique, statutairement, sans qu'il soit nécessaire de (prétendre) mesurer ensuite si tel est bien le cas". Nous proposons de donner ce rôle-là à la monnaie et à sa circulation, car nous pensons que c'est un bon moyen d'organiser la société en général et la production en particulier. JMH propose de continuer à conférer à la monnaie les deux fonctions qu'elle a aujourd'hui : "(1) je reçois de la monnaie à condition de faire ce qui est prescrit, ou bien (2) si je ne suis pas en situation de faire ce qui est prescrit (ex : je suis à la retraite), alors je reçois une allocation me permettant de vivre". En gros : (1) la monnaie-chantage et (2) la monnaie-charité. Nous, nous proposons la monnaie-dignité.
