Jeudi 17 novembre 2016 à 20h à la Sorbonne (Paris).
Organisé par Les Politistes Sorbonne, public surtout d’étudiants en science politique.
Info débateur : « Jean Eric Hyafil est un défenseur du revenu de base: doctorant de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, il bénéficia de financements afin d’étudier le revenu de base. Il est l’un des instigateurs d’un colloque à ce sujet qui s’est déroulé au Sénat en juin 2015. Actif au sein du Mouvement Français pour un Revenu de Base, association fondée en 2013, il adopte et défend l’idée d’un revenu universel »
Donc débat entre « salaire à vie » (SaV) et « revenu de base » (RB)
Le débat est un peu inégal en ce sens que les enjeux ne sont pas du même ordre d’importance. D’un côté il y a la perspective d’un chemin pour « sortir du capitalisme » et établir un contrôle social de l’économie ; de l’autre la proposition d’une mesure limitée, à géométrie variable, destinée, à compenser quelques effets du capitalisme sur la pauvreté et le dépérissement de l’emploi.
Les organisateurs ont prévu : 2 exposés, 3 questions d’un des organisateurs, questions du public.
Les exposés
La plupart des éléments constitutifs du SaV et présentés par Friot sont bien connus des militants de RS (et détaillés dans ses publications). Voie de sortie du capitalisme et nouveau statut de producteur. Comment y arriver : on s’appuie sur des « déjà là ». Mettre fin à la religion du capital célébrée en particulier par l’ouvrage monumental de Thomas Piketty. Cotisations, caisses de salaires, caisses d’investissement, etc…
Il est peut-être plus utile pour nous d’écouter les arguments des défenseurs du RB.
Hyafil rappelle les principes du RB tels que défendus par le mouvement français du RB : un revenu universel, individuel, inconditionnel, cumulable, attribué « ad vitam ».
Trois objectifs : 1-en finir avec la pauvreté (outil de rationalisation de lutte contre la pauvreté), 2-réenchanter le travail (retrouver le sens du travail, outil d’émancipation…), 3-intégration sociale et réintégration dans le salariat (évite la coupure sociale entre précaires et « employés »).
Le RB n’est pas destiné a priori à renverser le capitalisme, c’est une avancée sociale ; il donnera du souffle à une partie de la population !
Les 3 questions :
1-à Friot : pourquoi dites-vous que le RB est la roue de secours du capitalisme ? Friot explique : c’est tout bon pour le capital qui tend à délaisser son rôle d’employeur au profit du développement des emplois précaires. Hyafil proteste : pas du tout, cela permet à un chauffeur Uber de dire non, donc de mieux résister!
2-Aux deux débateurs : Comment on finance ? Selon Hyafil, le RB est financé par l’impôt, récupération des fuites fiscales et impôt sur le patrimoine. Friot déconstruit l’argument : l’impôt est toujours au final payé par les plus pauvres !
3-à Friot : comment gérerez-vous les propriétés existantes dans le cadre du SaV ? Friot répond sur le thème de la propriété lucrative à abolir.
Les questions du public
Une question porte sur nos rapports de prédation économique par rapport à l’Afrique. Selon Friot ce sont les entreprises du CAC40 qui se livrent à un pillage en règle. Ce pillage postcolonial est une forme de régression qui plombe notre économie (exemple de l’Allemagne qui n’a plus de colonies).
Plus tendue a été la mise en évidence de deux points forts d’achoppement entre SaV et RB, en particulier deux points qui ont fait réagir fortement Hyafil.
-Influence du RB sur les salaires, danger ou assurance ? Selon Friot l’instauration d’un revenu de base a pour conséquence de rendre plus difficiles les négociations salariales. Les employeurs ont tendance à tenir compte du fait de l’existence d’un revenu minimal acquis pour justifier une diminution de salaire (ou embauche à très bas salaire). Exemple du Brésil avec la « bolsa familia » qui a fait s’effondrer les salaires (NDLR manque de données chiffrées ici).
Pour Hyafil, c’est exactement le contraire. Assuré de leur RB inconditionnel, les travailleurs seront en meilleure position pour négocier, en supposant bien sûr un RB ait un niveau suffisant.
-Comment maintenir les « métiers durs » avec le SaV? Hyafil ne croit pas à la possibilité de maintenir des « métiers de merde » dans le cadre du salaire à vie. Objection pour Friot : ce genre d’opinion résulte en particulier de méconnaissances de ce qu’est le travail réel.
