A Nuit debout, les gens nous parlent presque toujours du revenu de base. Alors que nous y tenions une table, une camarade me faisait remarquer que pour beaucoup de monde la discussion entre revenu de base et salaire à vie faisait l’effet d’une querelle de chapelle. Et en entendant, l'autre soir, un camarade rétorquer avec vivacité à son interlocuteur qui lui parlait du revenu de base : « Ah non le salaire à vie ce n'est pas du tout pareil ! », je me suis demandé si ce genre de réaction ne renforçait pas l’impression qu’il s’agissait en effet d’une querelle de chapelle. Le même jour, j’ai entendu une militante répondre très différemment à quelqu’un qui lui disait « Ah oui, le revenu de base ! », tout fier de savoir de quoi il était question. Au lieu de le contredire, elle l’a utilisé pour rebondir : « Le revenu de base, oui, mais à au moins 1200 euros et assorti de l'interdiction de la propriété lucrative sinon on ne règle rien et tout va retourner comme d'habitude dans la poche du capital... » J’ai vu son interlocuteur, opiner d’un air convaincu et cela m’a donné l’idée de demander à trois adhérents de RS quelle approche leur paraissait la meilleure.
F :
Je suis d'accord pour entrer dans l'univers de l'interlocuteur, en adoptant momentanément ses termes, pour progressivement l'emmener ailleurs, plutôt que de démarrer par un affrontement, chacun assis sur le toit de sa chapelle. Mais je pense aussi qu'il faut déboucher sur un repérage de la différence à l'aide des mots, sans en rester à la libéralité initiale du montage "revenu de base à 1200€ sans propriété lucrative". Il faut viser un état stable dans lequel cette suite de mots devient manifestement incohérente, et amener l'interlocuteur à admettre qu'il doit abandonner l'expression "revenu de base" une fois franchi un certain seuil de réflexion. Mais sans en faire un drame.
En d'autres termes, il ne faut pas sacraliser les expressions, mais ne pas les galvauder non plus. Dosage délicat, certes, mais aussi parcours progressif d'un équilibre à l'autre, sans jamais perdre la communication avec l'interlocuteur, ce qui est le plus important.
C :
Effectivement c'est cette approche socratique que nous devrions adopter. Difficile parfois (souvent) dans le feu de l'action.
Essayons :
Ok le RdB donne à chacun 500€, ici 1200€ ailleurs. Dans ce cas cela remplace tous les revenus, et donc remplace le chômage, la sécurité sociale, etc.
Chacun est libre de prendre les assurances (maladie, etc) qui lui conviennent en fonction des possibilités. Donc on te donne un peu et tu cours en donner une partie à des sociétés privées.
Avec ton revenu de base, insuffisant pour vivre, tu vas accepter n'importe quel boulot pour vivre.
Penses-tu sérieusement que le RdB va diminuer les inégalités?
Le seul moyen est de supprimer les actionnaires et de se redistribuer leurs dividendes.
Le revenu de base c'est la charité, on (les riches, ceux qui ont le pouvoir, etc) te donne un minimum (mais pas assez pour vivre décemment) pour que tu gardes juste la tête hors de l'eau et que tu acceptes n'importe quel boulot pour vivre.
Avec le salaire à vie, c'est toi-même qui te donne un salaire. Et donc tu peux t'octroyer un salaire qui te permette de vivre décemment.
B :
Petit calcul de coin de table pour ajouter à liste des points obscurs !
Si on donne 1200€/mois à tous les français (la moitié aux mineurs) ça fait 690 Mds€/an. Comme les salaires représentent 1130 Mds€ dans le PIB 2014, le revenu de base à ce niveau en consommerait 60%. Donc il ne faut pas imaginer que ça se "finance" juste pas substitution du RdB à quelques minimas sociaux. Ça veut dire que ça passe par une baisse sensible des salaires. Seul un montant maxi de l'ordre de 400€/mois pourrait se substituer aux minimas "sans rien toucher d'autre". Or ça c'est la version DE DROITE du RdB, celle qui d'ailleurs nous pend au nez...
