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LES RETRAITES, C'EST DU SALAIRE DIFFÉRÉ OU DU SALAIRE CONTINUÉ ?


Une idée couramment répandue présente la retraite par répartition comme du salaire différé. Autrement dit, nous cotiserions chaque année comme on glisse des pièces de monnaie dans une tirelire afin de récupérer la somme économisée après cessation de toute activité professionnelle. Cette conception de la retraite par répartition est complètement erronée. On ne stocke pas la valeur dans un frigo pour qu’elle nous soit reversée plus tard. Quand nous cotisons, une partie de notre salaire est affectée à la retraite des autres, c'est du salaire indirect. Et quand nous arrivons nous-même à la retraite, ce sont les autres qui cotisent pour nous. C’est toujours sur le travail en cours que reposent les cotisations. Il n'y a aucune équivalence entre ce que nous avons cotisé et ce que nous allons percevoir jusqu'à la fin de notre vie, malgré les points retraite qui nous donnent l'illusion d'une épargne. Le discours dominant considère les cotisations comme une « charge » qui pèse sur les entreprises et ne voudrait concéder aux retraités qu'une part proportionnelle à la hauteur de leur contribution passée et la moins élevée possible puisque ce ne serait qu’un « transfert » au nom de la solidarité intergénérationnelle.

Pourtant, les retraites ne sont pas un salaire différé mais bien un salaire continué, ce salaire indirect qui nous est versé par la sécurité sociale. La retraite ne signifie pas non plus que nous arrêtons de travailler, toutes les études montrent que les retraités s’investissent dans de nombreuses activités et continuent à créer de la richesse pour la société, mais ils touchent un salaire à vie, sans employeur, et s’impliquent dans l’activité de leur choix. Etre à la retraite ce n'est pas devenir « inutile ». On continue à verser leurs salaires aux retraités parce qu'ils continuent à produire des richesses en dehors de la valorisation d'un capital, et par conséquent la cotisation est aussi la reconnaissance de leur qualité de producteur.

La question n’est donc pas de savoir combien nous avons mis de côté mais combien de pourcentage de la richesse produite en France faut-il affecter à la sécurité sociale chaque année ? De la même manière, le nombre d’annuités pour toucher sa retraite est une aberration dans la mesure où la valeur ajoutée produite en France ne dépend pas du nombre d’années passées à travailler mais de notre capacité à produire de la richesse dans l'année.

Aujourd’hui, l’État comble le déficit de la sécurité sociale avec des dotations budgétaires parce que nous ne cotisons plus suffisamment à cause des exonérations patronales au régime général. Ce sont donc les salariés qui paient à travers l'impôt (essentiellement la TVA) ce que les patrons ne paient plus. Le taux de cotisation est insuffisant et allonger la durée des cotisations parce que nous vivons plus longtemps revient à sacrifier sa retraite pour alimenter le profit des entreprises et des actionnaires. L’argument démographique est fallacieux car le fait que nous vivions plus longtemps n'implique pas que nous produisons moins de richesse. Au contraire, l'activité des retraités en participant de la richesse nationale se doit d'être reconnue par un taux de cotisation sociale en conséquence, tout comme le travail des soignants et le travail domestique sont reconnus par la sécurité sociale et les allocations familiales.

C’est pourquoi à Réseau Salariat nous proposons d’étendre la cotisation sociale à l’ensemble de la valeur ajoutée. Sur le principe des retraites, les entreprises cotiseront pour que tout le monde perçoive un salaire à vie parce que chacun participe de la chaîne de valeur que l'on soit étudiant, salarié, indépendant, ou en âge de laisser sa place aux nouvelles générations pour certaines fonctions afin de se consacrer à autre chose.


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