Contester les profits par augmentation des salaires et des cotisations sociales ou tenter d’en reprendre a posteriori une partie grâce à l’impôt ? Dans le premier cas, une voie possible vers une économie des travailleurs.ses débarrassée du Capital. Dans le second, une acceptation du système tel qu’il est en le corrigeant à la marge. Un débat stratégique pour la transformation sociale.
Les cotisations sociales sont aujourd’hui l’objet d’une attaque sans précédent du patronat et des libéraux qui se réalise sans opposition majeure et dans un silence assez sidérant. Les cotisations sociales ont pourtant deux caractéristiques essentielles : elles sont constitutives du salaire et permettent de financer, en plus des revenus de remplacement, des secteurs économiques non marchands, ce qui signifie qu’elles sont capables de remplacer l’impôt.
Alors, impôts ou cotisations sociales ? Augmenter le salaire socialisé pour réduire les bénéfices et ouvrir la voie à une société post-capitaliste ou laisser les profits et des revenus indécents se former pour tenter de les reprendre après coup ? Il s’agit ici d’un débat stratégique majeur pour la gauche et tout particulièrement pour celles et ceux qui veulent sortir du système capitaliste.
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Cotisation ou impôt : il faut choisir
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La « gauche réformatrice » n’affronte nullement la droite sur le terrain des cotisations et développe un discours soit-disant de rupture qui veut « taxer le capital » ou « faire payer les riches ». Et nous sommes ici face à un paradoxe. S’il s’agit de s’en prendre au capital, pourquoi ne pas augmenter la part des salaires dans la valeur ajoutée, ce qui réduit d’autant les profits ? Parce qu’on a peur pour l’emploi ? Parce qu’on pense que les emplois seront mieux garantis en laissant les profits se former pour les reprendre ensuite par des impôts ? Parce qu’on pense que les possédants ne vont pas s’en rendre compte et continuer à investir comme si de rien n’était ? On est dans l’absurdité la plus totale. Cela fait des années que la voie de l’impôt est privilégiée et l’histoire nous a montré que les moins-disant fiscaux ont toujours le dessus.
Il est donc infiniment plus simple de s’en prendre directement aux profits en augmentant la part des salaires dans la valeur ajoutée. Et s’il apparaît que cela est antinomique avec le maintien du système, que les propriétaires ne vont pas accepter la nouvelle situation, il ne s’agit alors plus de maintenir la part des salaires dans la valeur ajoutée mais de s’approprier la totalité de celle-ci et de se débarrasser des actionnaires. Alors que la cotisation permet de penser dès maintenant une société post-capitaliste, l’impôt est antagonique à la transformation sociale dans la mesure où il suppose que se forment des profits et des revenus indécents pour être opérationnel, ce qui perpétue le système sans ouvrir une quelconque voie vers son dépassement. Promouvoir l’impôt en lieu et place de la cotisation sociale revient à tourner autour du pot pour éviter de poser la question de la sortie du capitalisme.
Pour lire la suite de l'article de Benoît Borrits
